tes, et, si vous n'en
riez pas trop, vous pouvez compter sur le peu que je sais faire. Je
suis trop vieille pour que le seul eclat du genie, du courage et de
la renommee m'entrainent; mais je suis encore femme par l'esprit,
c'est-a-dire qu'il faut que j'aie la foi pour avoir le courage.
Je trouve votre appel aux petitions excellent et j'y travaillerai ici
de tout mon pouvoir en poussant mes paresseux d'amis. Si je puis faire
autre chose, indiquez-le moi.
Ne dites pas a ces messieurs combien je suis absurde dans ma reponse:
remerciez-les pour moi et dites-leur combien je desire faire ce qu'ils
me demandent. J'attends impatiemment le dernier volume de votre
histoire[2] que votre oublieux de frere m'avait promis. Je lis dans
l'_Eclaireur_ un fragment admirable. Ce jeune homme dont vous racontez
si bien les coups de tete, Louis-Napoleon Bonaparte, m'a envoye une
brochure de sa facon qui complete le portrait que vous faites de lui.
Personne ne peint comme vous. Il faut que vous nous donniez une histoire
de l'Empire, ou, ce que j'aimerais encore mieux, une histoire de la
Revolution. Cette histoire n'a pas ete faite; pas plus que celle de
Jesus-Christ.
Dans quinze jours, je serai a Paris et je veux que vous me parliez de la
_Reforme_ et de la politique.
Toute a vous de coeur.
[1] Articles sur _la Politique et le Socialisme_.
[2] _L'Histoire de Dix ans_.
CCXLVI
AU PRINCE LOUIS-NAPOLEON BONAPARTE AU FORT DE HAM
Paris, decembre 1844.
Prince,
Je dois vous remercier du souvenir flatteur que vous avez bien voulu
me consacrer en m'adressant le remarquable travail de l'_Extinction du
pauperisme_. C'est de grand coeur que je vous exprime l'interet serieux
avec lequel j'ai etudie votre projet. Je ne suis pas de force a en
apprecier la realisation, et, d'ailleurs, ce sont la des controverses
dont, je suis sure, vous feriez, au besoin, bon marche. En fait
d'application, il faut avoir reellement la main a l'oeuvre pour savoir
si l'on s'est trompe, et le fait d'une noble intelligence est de
perfectionner ses plans en les executant.
Mais l'execution, prince, dans quelles mains l'avenir la mettra-t-elle?
Nous autres, coeurs democrates, nous aurions peut-etre prefere etre
conquis par vous que par tout autre; mais nous n'aurions pas moins ete
conquis,... d'autres diraient delivres! Je ne sais pas si votre defaite
a des flatteurs, je sais qu'elle merite d'avoir des amis. Croye
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