'ai des conseils a recevoir
que je n'ai ose demander a personne depuis bien longtemps, et des
solutions que j'ai mises en reserve pour les chercher en vous. Vous
disiez, cet hiver, que vous viendriez; est-ce que vous ne le pouvez ou
ne le voulez plus?
Je vous aurais ecrit plus tot sans de graves evenements domestiques, qui
m'ont pris jusqu'aux heures du sommeil. Je viens de marier ma fille et
de la bien marier, je crois, avec un artiste tres puissant d'inspiration
et de volonte. Je n'avais pour elle qu'une ambition, c'est qu'elle aimat
et qu'elle fut aimee; mon voeu est realise. L'avenir est dans la main de
Dieu, mais j'espere la duree de cet amour et de cet hymenee.
Je vous respecte et vous aime.
Votre soeur,
GEORGE SAND.
CCLX
A M. THEOPHILE THORE, A PARIS
Nohant, juin 1817.
J'aurais, monsieur, le plus grand desir d'etre utile a la personne que
vous me recommandez, et son titre de neveu de Saint-Just n'est pas mince
aupres de moi. Mais ce qu'elle me demande est a peu pres impossible.
Jugez-en vous-meme. M. Flaubert desire que je lui promette et que je
lui laisse annoncer une preface de moi, pour la premiere livraison d'un
livre qui n'est encore qu'en projet, dont il n'a pas ecrit la premiere
page et dont il me soumet le plan. Ce plan me parait bon et utile;
mais cela ne suffit pas pour que je puisse engager ma responsabilite.
Personne ne peut _endosser_ l'esprit d'un livre avant d'avoir lu
attentivement ce livre.
Et puis j'ai fait trois ou quatre prefaces en ma vie, et je crois que je
ne pourrais plus en faire une cinquieme. C'est un travail auquel je ne
suis pas propre et qui me coute plus de peine que trois romans a ecrire.
Enfin, et c'est le plus sur, une preface de n'importe qui n'a jamais
servi a qui que ce fut. Si le livre est bon, a quoi sert la preface?
s'il est mauvais, elle lui nuit davantage.
Agreez, monsieur, l'expression de mes sentiments affectueux.
GEORGE SAND.
CCLXI
A JOSEPH MAZZINI, A LONDRES
Nohant, 28 juillet 1847.
Mon frere et mon ami,
Cette annee 1847, la plus agitee et la plus douloureuse peut-etre de ma
vie sous bien des rapports, m'apportera-t-elle au moins la consolation
de vous voir et de vous connaitre? Je n'ose y croire, tant le guignon
m'a poursuivie; et pourtant vous le promettez, et nous approchons, du
terme assigne. Dans pen de jours, nous aurons un chemin de fer depuis
Pa
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