ussi un appel plus intime a ma confiance et a mon zele. Je repondrai
franchement; Je vous estime trop pour n'etre que polie; j'ai assez de
conviction pour risquer de voir rompre un lien dont mon coeur serait
pourtant si heureux.
Je n'ai pas besoin de vous dire que votre probite politique et votre
generosite personnelle a tous me sont aussi bien prouvees que ce que
je sens dans ma propre conscience. Je n'ai pas besoin d'ajouter que
je reconnais vos talents et que je voudrais les avoir pour mon propre
compte et pour l'expression de mes croyances. Et, malgre tout cela,
je ne suis pas certaine encore que ma collaboration, meme purement
litteraire, puisse vous convenir sans examen. Attendez donc encore un
peu pour me la faire promettre; car je ne suis que trop disposee a
m'engager.
L'_Eclaireur_ publie dans ce moment une serie de pauvres reflexions qui
me sont venues, il y a quelque temps, apres avoir cause avec un homme
politique, M. Garnier-Pages[1], homme qui m'a paru excellent et que je
n'ai pas quitte sans lui serrer la main de bon coeur, mais avec lequel
je n'etais pas du tout d'accord. Je destinais ces reflexions a
moisir avec bien d'autres dans le fond de mon tiroir. Mes amis de
l'_Eclaireur,_ a qui je disais que M. Garnier-Pages m'avait battue a
plat, mais que je lui avais repondu apres qu'il avait ete parti, ont
voulu lire et publier cette reponse, qui s'adresse a eux aussi bien qu'a
lui. J'y ai change quelques mots, et c'est tout. C'est peu de chose et
je ne vous en _recommande pas la lecture_; mais, si vous voulez savoir
l'etat de mon esprit, il faut pourtant que vous ayez la patience de
jeter les yeux sur le troisieme article. Mon cerveau n'en est que la, et
je crains que vous ne trouviez mon education politique bien incomplete
et mes curiosites religieuses un peu indiscretes. Il ne me deplairait
point d'etre mieux endoctrinee. Je ne suis pas obstinee pour le
plaisir de l'etre, et, si vous me dites ce qu'il y a derriere les mots
_socialisme, philosophie_ et _religion_, que la _Reforme_ emploie
souvent, je vous dirai franchement si cela me saisit tout a fait ou
seulement un peu.
Je ne vous demande pas un dogme, ni un traite de metaphysique: je ne
le comprendrais peut-etre pas plus que ma mere, la fille du peuple, ne
comprit le compliment politique qu'elle debita a Bailly et a Lafayette a
l'hotel de ville, en leur offrant une couronne au nom de son district.
Mais je vous ferai deux ou trois questions bien be
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