fait un peu tranchante et intolerante. Cependant j'attendais
de vous plus de justice et de sympathie. Il fallait ne point repondre du
tout aux objections que contenait ma lettre, puisqu'elles n'appelaient
pas et repoussaient, au contraire, une discussion publique, ou bien il
fallait me demander l'autorisation, en m'en demontrant la necessite, de
publier ma lettre entiere. Je viens vous demander maintenant l'insertion
complete de cette lettre, dont je n'ai pas pris copie, et, sur ce point,
je m'en rapporte entierement a votre loyaute. Certes, je suis un faible
champion de la verite, et ma lettre n'est pas redigee avec le soin que
vous aviez apporte dans votre refutation.
Vous m'avez jugee par contumace, ou bien vous m'avez combattue a
armes inegales, moi presentant a votre examen de conscience quelques
objections prises rapidement au hasard entre beaucoup d'autres, et ne
vous demandant, au nom de la conscience, que de les peser dans votre for
interieur; vous, travaillant et redigeant a loisir un article pour un
journal et opposant un mois de travail a une lettre particuliere ecrite
au courant de la plume. Je crains pourtant que votre reponse ne soit
empreinte d'une trop grande precipitation, et je ne me trouve ni
convaincue ni satisfaite par vos arguments.
La maniere dont vous posez les questions est telle, que je m'abstiendrai
plus que jamais d'engager une polemique; je vois que vous ne me
convertiriez pas, et la polemique n'est pas le champ clos ou ma vocation
me porte a defendre les principes et les idees dont je suis penetree.
Si je vous ai prie de ne pas inserer ma lettre et si je vous demande
aujourd'hui le contraire, c'est pour des raisons que vous comprendrez et
que tout le monde comprendra. J'avais une extreme repugnance a signaler
aux ennemis du peuple les dissidences qui existent dans son sein. C'est,
je crois, une mauvaise chose a faire que de leur donner le spectacle de
nos incertitudes et de notre desaccord sur certains points.
Vous n'avez pas tenu compte de mon scrupule, et, en cela, vous avez du
etre persuades et abuses par quelque esprit ennemi du peuple, ennemi de
l'Evangile et de l'egalite. Vous avez voulu proclamer a tout prix le
triomphe de l'Eglise catholique sur vos opinions. Il en est resulte que
des journaux catholiques et autres se sont rejouie de nous voir aux
prises les uns contre les autres. Pauvre peuple! faut-il que tu ne
trouves la verite qu'en traversant, a tes perils et a tes depen
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