stice dont on
peut etre l'objet soi-meme.
J'ai, en outre, le regret continuel d'etre un mauvais auxiliaire en
fait de services qui demanderaient, en compensation de l'argent qui me
manque, du credit, de l'activite et de l'influence dans le monde. Si je
suis une espece d'homme de lettres, je suis avant tout mere de famille,
et il ne me reste pas un instant pour voir le monde, pour rendre les
visites qu'on me fait, et pour repondre aux nombreuses lettres qu'on
m'adresse. Si j'ai une ou deux heures libres par semaine, j'aime mieux
les consacrer a de vieux amis, ou a de nobles relations, comme je
considere celles que je veux conserver avec vous, que de satisfaire la
curiosite de quelques belles dames, ou de quelques jolis messieurs qui
voudraient m'examiner a la loupe, comme une bete singuliere. De la vient
que je ne connais personne, et que, Dieu merci, personne ne me connait
dans ce monde, ou d'autres posent, jasent, prononcent et imposent leurs
sympathies et leurs opinions a des coteries.
Voila pourquoi aussi j'ai personnellement l'occasion de lancer un livre
moins que qui que ce soit. Ma seule efficacite, si j'en ai une, est dans
ma plume. Je n'ai jamais flatte personne et je n'ai jamais fait ce qu'on
appelle de la critique que dans trois ou quatre occasions, ou mon coeur
etait emu et ma conviction entiere.
Je ne vous serai donc un peu utile qu'en revenant, dans un article de
la _Revue independante_, sur vos vers charmants, et en parlant de votre
nouveau recueil. Je le ferai, n'en doutez pas; c'est ce que je pourrai
faire de moins inutile. Je me justifie aupres de vous, parce que j'ai
besoin de votre estime et de votre confiance, avant meme que vous
songiez a m'accuser, et parce que je ne veux pas que vous cessiez de
vous adresser a moi toutes les fois que vous croirez que je peux faire
quelque chose pour vous. Mon peu de succes vous donnerait peut-etre a
penser que j'y mets de la mauvaise volonte, et je ne veux pas que,
par discretion, vous vous absteniez. Ne craignez donc jamais de
m'importuner, quelque maussade ou paresseuse que je vous semble.
Ainsi, il m'a ete impossible jusqu'ici de trouver un moment pour voir
madame Benoit de Grazelles. Mais j'espere ne pas quitter Paris sans lui
avoir rendu ses visites et lui avoir parle de vous. Si cette dame a de
nombreuses connaissances, comme vous dites qu'elle a beaucoup d'activite
et de coeur, elle pourrait peut-etre distribuer en detail encore une
partie de vos ex
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