e illustre n'est
plus de ce monde, et l'heritier de son nom se preoccupe du sort des
proletaires!
Eh bien! oui, la est votre grandeur, la est l'aliment de votre ame
active. C'est un aliment sain et qui ne corrompra pas la jeunesse et
la droiture de vos pensees, comme l'eut fait, peut-etre malgre vous,
l'exercice du pouvoir. La serait le lien entre vous et les ames
republicaines que la France compte par millions.
Quant a moi personnellement, je ne connais pas le soupcon, et, s'il
dependait de moi, apres vous avoir lu, j'aurais foi en vos promesses
et j'ouvrirais la prison pour vous faire sortir, la main pour vous
recevoir.
Mais, helas! ne vous faites pas d'illusions! ils sont tous inquiets et
sombres autour de moi, ceux qui revent des temps meilleurs. Vous ne les
vaincrez que par la pensee, par la vertu, par le sentiment democratique,
par la doctrine de l'egalite. Vous avez de tristes loisirs, mais vous
savez en tirer parti.
Parlez nous donc encore de liberte, noble captif! Le peuple est comme
vous dans les fers. Le Napoleon d'aujourd'hui est celui qui personnifie
la douleur du peuple comme l'autre personnifiait sa gloire.
CCXLVII
A M. EDOUARD DE POMPERY, A PARIS
Paris, janvier 1845.
Laissez-moi tranquille avec votre fourierisme, mon bon monsieur de
Pompery! J'aime mieux le pomperysme; car, si Fourier a quelque chose de
bon, c'est vous qui l'avez fait. Vous etes tout coeur et tout droiture;
mais vous n'etes qu'un poete quand vous pretendez marier Leroux et
Fourier dans votre coeur. Que cela vous soit possible, apparemment oui,
puisque cela est; mais c'est un tour de force dont mon imagination n'est
pas capable. Les disciples de Fourier n'aiment leur maitre que parce
qu'ils l'ont refait a leur guise, et encore ne l'ont-ils pas fait tous a
la mienne. Votre _Democratie pacifique_ est froidement raisonnable, et
froidement utopiste. Tout ce qui est froid me gele, le froid est mon
ennemi personnel. Ils n'ont aupres d'eux qu'un homme fort, dont le
nom ne me revient pas maintenant... (ah! Vidal...), mais qui a parle
d'economie politique dans la _Revue independante_, l'annee derniere; et
un homme excellent et sage, qui est vous. Et encore ne pouvez-vous ni
l'un ni l'autre etre avec eux.
Parlez-moi de madame Flora Tristan, je suis mieux informee que vous.
Elle est ici: madame Roland s'en occupe et l'a placee chez madame
Bascans, rue de Chaillot, n deg. 70. C'est la pensi
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