es un
si long oubli. Emma a deux fils maries ayant des enfants. Elle est
archi-grand'mere et bien changee, comme tu penses, quoique agreable
encore, et tres bonne femme. Elle m'a dit que son pere etait reste jeune
et toujours gai et aimable.
Madame de Villeneuve me fait dire aussi d'aller a Chenonceaux et d'y
mener mes enfants. Leonce est perdu de goutte comme son pere. J'ai vu un
de ses fils, un enorme garcon de seize ans... Septime[3] a je ne sais
combien de fils et de filles. Comme tout cela nous rajeunit, hein?
[1] Nee Emma de Villeneuve, fille de Rene de Villeneuve.
[2] Le comte Rene de Villeneuve, senateur, cousin du colonel Maurice
Dupin, pere de George Sand.
[3] Septime de Villeneuve, fils de Rene de Villeneuve.
CCXLIX
A M. DE POTTER, EDITEUR, A PARIS
10 mai 1815
Monsieur,
Il m'est revenu de source certaine que vous disiez avoir en votre
possession un ouvrage de moi qu'il vous etait difficile de publier, a
cause des opinions qui y sont emises. Vous savez mieux que personne que
vous n'avez pas une ligne de moi a publier, et cet etrange mensonge me
rappelle la tentative ou du moins l'intention deloyale que vous avez eue
de publier sous mon nom, il y a un an, un ouvrage qui n'etait pas de
moi.
Quand j'ai su que vous renonciez a cette entreprise frauduleuse, j'ai
garde le silence, quoique je fusse parfaitement renseignee. Je vous
engage donc a ne pas abuser de ma generosite, en repandant sur mon
compte des faits contraires a la verite.
Je ne comprends pas quel peut etre votre but. Mais, quel qu'il soit,
soyez assure que je me tiens sur mes gardes et que, si vous veniez a
tromper le public en vous servant de mon nom, je vous ferais donner a
l'instant, par tous les organes de la publicite, un dementi qui vous
serait a la fois honteux et prejudiciable. Je n'ai d'autre raison de
vous menager que la repugnance naturelle que j'eprouve a commettre un
acte d'hostilite et a punir un mauvais procede. Je vous prie donc de
m'epargner cette penible tache et de ne pas m'en faire une necessite.
GEORGE SAND.
CCL.
A M. CHARLES PONCY, A TOULON
Nohant, 12 septembre 1845.
Ne me croyez donc jamais fachee contre vous, mes chers enfants. Que je
sois malade ou occupee au dela de mes forces, que je vous ecrive ou non,
ma tendresse vous est a jamais acquise a tous les trois; car vous etes
trois maintenant, et vous ne fait
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