un bon train maintenant. Je
crains beaucoup pour lui l'entrainement de distraction que cette noce va
lui causer. Il doit concourir pour une place aux Beaux-Arts dans quinze
jours; et, s'il n'est pas en mesure, il ne sera pas admis. Je te
l'envoie donc en te priant bien serieusement de faire entendre raison a
son pere la-dessus. Maurice est dans les deux ou trois annees qui vont
decider de son avenir, a savoir s'il sera un artiste ou un amateur. Tu
me diras qu'il peut vivre sans etre un artiste. Mais quelle difference
dans la vie d'un homme, de savoir faire en maitre ce qu'on a appris, ou
de rester ecolier! Il faut que, cette annee, maitre Maurice epouse
dame Peinture pour tout de bon; nous voila occupes tous deux de
l'etablissement de nos enfants, chacun a sa maniere. Aide-moi a
chapitrer Maurice sur ce point.
Bonsoir, mon vieux; mille compliments et mille caresses a la bonne
petite Leontine. En me disant qu'elle recoit la recompense de sa
simplicite, tu en fais un bel eloge, et qu'elle merite. Mille et mille
tendresses a Emilie. Je t'embrasse. Tous nos amis te Felicitent.
[1] Eugene Delacroix.
CCXXIII
A M. CHARLES PONCY, A TOULON
Paris, 26 fevrier 1843.
Mon cher enfant,
J'ai recu votre lettre ce matin, et non vos corrections de la
_Belle-Poule_, ni l'autre piece dont vous me parlez. Vos vers sont dans
les mains de Beranger, qui a fait un peu de difficulte pour se charger
de l'examen et du conseil. Il trouvait la chose delicate et craignait de
vous affliger en etant tout a fait franc et severe. Je lui ai dit que
c'etait, au contraire, le plus grand service qu'il put vous rendre et
que vous en seriez reconnaissant; que vous n'aviez ni l'entetement ni
l'orgueil chagrin des autres poetes, et que vous saviez preferer un ami
a un flatteur. Je vous donnerai sa reponse des que je l'aurai. Tout en
parlant avec lui de la publication de votre second volume, voici quel a
ete son avis: "Je n'entends pas plus que vous les affaires de librairie;
et lui, les entend tres bien, ainsi que les chances de succes."
Il pense que les vers, quelques beaux et nouveaux qu'ils soient, out peu
de retentissement a Paris, ou tout le monde en publie et ou le public,
inonde de ce deluge, ne se donne pas la peine de les regarder. De beaux
vers ne sont accueillis que par un certain nombre d'amateurs assez
restreint. Il faut que ce soient des gens de gout, a existence douce et
tranquille. Il y a
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