n'exclus personne,
c'est bien entendu. Mais je m'interesse toujours a votre oeuvre, quoique
j'aie a peu pres renonce a vous aider dans votre choix et je ne crois
pas devoir vous laisser echapper une bonne occasion. De tous ceux que
vous avez vus et qui vous out ete proposes, M. Borie serait le plus
propre a l'emploi. C'est un homme dont je puis vous repondre comme
loyaute, comme caractere et comme intelligence. Il est dans la politique
plus que moi, a coup sur; mais je ne craindrais pas d'etre solidaire de
tout ce qu'il avancerait, ni de lui laisser controler ce que je ferais,
parce que je suis sure de la purete de ses intentions, et du bon sens de
ses vues.
Maintenant donc, voyez-le, pendant le temps qu'il doit passer a Boussac,
et sachez si vous pouvez vous accommoder de lui, et lui de vous.
Je n'ai pas besoin de vous recommander la bonne hospitalite envers
Leroux pendant son passage a la Chatre. Bonsoir, mes chers enfants. Tout
a vous de coeur.
G. SAND.
CCXL
A. M. PLANET, A LA CHATRE
Paris, avril 1844.
Mon cher enfant,
Est-ce decide, que vous avez choisi M. Borie? Vous avez bien fait; car
c'est le seul moyen, je crois, d'etre imprime a Boussac, et il ne faut
pas vous plaindre que ce soit une condition _imposee_ par Pierre ou
plutot par Jules Leroux. Jules Leroux, homme d'idees austeres et d'un
caractere tres ferme, n'etant pas votre ami, vous connaissant a
peine, n'eut jamais voulu etre l'ouvrier d'un journal contraire a ses
principes; dans le doute meme, dans l'attente de ce que serait l'esprit
du journal, il ne se fut pas engage a l'imprimer.
Je concois tout cela, et trouve ce scrupule fort respectable. Il y a
donc eu la _condition_, a ce que je vois. Mais je ne digere pas votre
mot d'_impose_. On n'impose rien a des gens qui vous demandent un
service et qui sont parfaitement libres de s'adresser ailleurs.
Si ce mot me choque, applique aux Leroux, il me choque bien plus
applique a moi-meme; et peu s'en faut qu'il ne m'engage a envoyer le
journal au diable.
Qu'est-ce que cela signifie? Depuis quand est-ce que _j'impose_ quelque
chose, parce que je ne veux pas me laisser _imposer_ un travail inutile
ou antipathique? Je crois avoir assez fait pour l'obligeance et l'amitie
en vous ecrivant, en vous repetant que, quelque journal que vous fissiez
(a moins qu'il ne fut juste-milieu ou carliste), je vous donnerais des
articles; mais j'ajoutais que je vous en d
|