ais vous accuser
severement, et vous dire que je n'influence pas meme l'_Eclaireur,_
tandis que vous _gouvernez_ le journal de la prefecture, de par vos
fonctions gouvernementales. Or il m'est revenu qu'on m'y sommait un peu
brutalement de repondre a de fort beaux raisonnements que je n'ai
pas lus, et qu'irrite de mon silence, on m'y traitait vaillamment de
philanthrope a tant la phrase, ou quelque chose de semblable. J'ai
beaucoup ri de voir le scribe gage de la prefecture accuser de
speculation le collaborateur gratuit de l'_Eclaireur_. Vous pouvez faire
savoir a votre champion officieux, monsieur le prefet, qu'il se donne un
mal inutile et que je ne lui repondrai jamais. J'ai ete provoquee par
de plus gros messieurs, et, depuis douze ans que cela dure, je n'ai pas
encore trouve l'occasion de me facher. Seulement je pense que ce que je
disais tout a l'heure des femmes qui ne doivent pas attaquer, a cause
de leur impunite dans certains cas, serait applicable relativement a
certains hommes. Je suis bien persuadee que vous ne lisez pas le journal
de la prefecture: vous etes de trop bonne compagnie pour cela. Pourtant
cela rentre dans les necessites desagreables de votre administration,
et, si vous ne lavez pas de temps en temps la tete a vos gens, ils
feront mille maladresses.
Agreez mes explications, monsieur le prefet, avec le bon gout d'un homme
d'esprit; car, lorsque je me permets de vous ecrire ainsi, c'est a M.
Leroy que je m'adresse, et"le collaborateur de l'_Eclaireur_ n'y est
pour rien, vous le voyez, non plus que M. le prefet de l'Indre; nous
parlons de ces personnes-la; mais celle qui a l'honneur de vous
presenter ses sentiments les plus distingues c'est:
GEORGE SAND.
[1] George Sand a ecrit la touchante histoire de cette pauvre
fille idiote, que la soeur superieure de l'hopital de la
Chatre traitait avec tant d'inhumanite.
CCXLIV
A M. XXX...,
CURE DE XXX...;
Nohant, 13 novembre 1844
Monsieur le desservant,
Malgre tout ce que votre circulaire a d'eloquent et d'habile,
malgre tout ce que la lettre dont vous m'honorez a de flatteur dans
l'expression, je vous repondrai franchement, ainsi qu'on peut repondre a
un homme d'esprit.
Je ne refuserais pas de m'associer a une oeuvre de charite, me fut-elle
indiquee par le ministere ecclesiastique. Je puis avoir beaucoup
d'estime et d'affection personnelle pour des membres du clerge, et je ne
fais
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