ion et parlons de Fanchette, de la vraie Fanchette;
rien ne nous empeche, que je sache, d'ouvrir une petite souscription
pour elle. Cela lui ferait du bien, et cela augmenterait le scandale,
chose qui n'est pas mauvaise non plus. Mon idee etait de faire vendre
une partie des exemplaires de son histoire a bas prix, et a son profit;
on aurait distribue l'autre gratis a des artisans.
Vois, cependant, si l'une des bonnes oeuvres ne paralyserait pas
l'autre; car nos bienfaiteurs de l'humanite n'aiment pas a donner deux
fois. Conferes-en avec le Gaulois.
Papet m'a ouvert largement sa bourse d'avance. A qui remettrait-on la
gestion de la petite somme que nous pourrions faire? Pour cela, il
faudrait savoir en quelles mains on va mettre Fanchette. Si c'est aux
soeurs de l'hopital, ne sera-t-elle pas victime de leur ressentiment?
ne devrait-on pas l'en retirer? Je pourrais bien la confier dans mon
village a quelque femme honnete et pauvre qui trouverait son compte a la
bien soigner.
En faire les frais n'est pas ce qui m'embarrasse; mais il serait bon que
ce ne fut pas, en apparence, un acte particulier de ma seule compassion,
mais le concours de plusieurs, du plus grand nombre possible,
d'indignations genereuses. Reponds, qu'en penses-tu? et, si mon idee est
bonne, comment faut-il la realiser? Faut-il demander l'autorisation de
sauver Fanchette a ceux qui l'ont perdue? Ce serait drole!
Bonsoir, mon cher enfant. Embrasse Eugenie pour moi, et viens me dire ta
reponse avec le Gaulois s'il a le temps, ou sans lui.
Ne m'oublie pas aupres de madame Duvernet.
GEORGE.
CCXXX
A MAURICE SAND; A PARIS
Nohant, 17 octobre 1843.
Mon enfant,
Sois donc tranquille, je n'irai pas en prison, je n'aurai pas de proces.
Il n'y a pas de danger, je n'y ai pas donne matiere, je n'ai nomme
personne, et, d'ailleurs, cela mettrait trop au jour la verite. On
ne s'y frottera pas. Je n'ai pas envie de chercher le danger; s'il
m'atteignait, je le prendrais comme il faut; mais nous sommes si surs de
l'impossibilite de ce proces, que nous avons ri de tes craintes.
Voila trois jours qui se sont passes, depuis deux heures de l'apres-midi
jusqu'au soir, en conciliabules, en brouillons de lettres, en
deliberations, toujours pour constater et prouver de plus en plus
l'histoire de Fanchette, que chaque renseignement rend plus certaine,
plus evidente, et nous n'avons pas laisse passer une _parole_ de ma
re
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