, s'il approuve la publication, pendant que
j'ai encore trois mois a passer ici, je m'en occuperai. Mais je n'ai pas
tout ce que vous m'avez adresse d'apres vos listes; j'ai lieu de penser
qu'un paquet a ete perdu. Dans notre petite ville du Berry, nous avons
un buraliste fort negligent, et toutes nos lettres ne nous arrivent
pas toujours. En outre, j'avais confie a M. Leroux plusieurs de vos
feuillets, afin qu'il choisit une piece qui conviendrait a la _Revue
independante_. Il a choisi celle a Beranger, que vous avez du voir
imprimee avec la correction d'un ou deux mots que je me suis permis
d'attenuer, les trouvant un peu boursoufles, et la suppression d'une
ou deux strophes qui ne valaient pas les autres. En me rendant les
manuscrits, bien qu'il m'eut promis de ne rien egarer, il en a, je
crois, oublie une partie chez lui, et je crains de n'avoir pas le tout,
ou d'en avoir laisse moi-meme quelques feuillets a la campagne, dans mon
secretaire. Je ne retrouve pas une des pieces que j'aimais le mieux,
des vers a propos d'une fete d'ouvriers, ou vous parlez du Christ, etc.
Ainsi faites-moi recopier par quelqu'un de vos amis, si vous n'avez pas
le temps de le faire vous-meme, tout ce que vous avez compose, avant et
depuis l'envoi par M. Paul Gaymard. Cet envoi se compose de: _le Muiron
et la Belle-Poule, Catarina la folle, A Charles Ferrand, Vendredi saint,
Torrents, Mathilde, le Pecheur du lac, Sonnet, Matinee en rade, Tableau,
Ma pensee, Nuit en mer, le Forcat, Vers a M. Paul Gaymard, A madame
N***, A Mery, Delire, Courdouan, Promenade sur mer, l'Avarice, l'Enfant
endormi, Ressemblance, le Bal aux Anglais, Bouquet de violettes_.
Envoyez-moi donc tout le reste, ce sera plus tot fait que de nous
consulter par lettres sur ce que j'ai et sur ce qui me manque. Faites-en
un paquet, et mettez-le a la diligence, enveloppe de plusieurs papiers
forts, et en le faisant enregistrer au bureau.
Bonsoir, mon cher Poncy; soyez heureux et courageux.
Je vous demande pour mon compte de faire souvent des vers sur votre
metier, ce sont les plus originaux de votre plume. Vous y mettez un
melange de gaiete forte et de tristesse poetique que personne ne
pourrait trouver, a moins d'etre vous. Les trois ou quatre strophes de
l'_Epitre a Beranger_, ou vous parlez de votre truelle, avec tant
de naivete et de philosophie, ont un tour robuste et frais qui vous
constitue une individualite veritable. Ce sont aussi les strophes qu'on
a remarquees
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