nement,--autre
affaire grave que nous eludions, faute d'argent, en ne paraissant qu'une
fois par mois,--fera marcher notre _Revue_ par quinzaines regulieres.
Viardot s'arrange et se concerte avec eux pour sa part de propriete, et
nous restons comme redacteurs principaux. Prenez donc patience avec nos
dernieres lenteurs. Si vous comptez vos numeros et la matiere enorme
qu'ils renferment, vous verrez que nous vous en avons donne plus que
nous ne vous en promettions. Renouvelez vos abonnements, et, si vous
etes contents de notre _honnetete_ de principes, comptez que la _Revue_
ne changera pas de ligne, vu que nos associes sont des condisciples
zeles et incorruptibles des memes doctrines.
Maintenant, parle-moi de toi comme je te parle de moi; tu me dois cela
en retour de mon bavardage. Je vois que tu as toujours une predilection
pour le beau pays romantique de Vijon. Heureux homme qui peux, vivre ou
tu veux et comme tu veux! Malgre tout ce que j'invente ici pour chasser
le spleen que cette belle capitale me donne toujours, je ne cesse pas
d'avoir le coeur enfle d'un gros soupir quand je pense aux terres
labourees, aux noyers autour des guerets, aux boeufs _brioles_ par la
voix des laboureurs, et a nos bonnes reunions, rares il est vrai, mais
toujours si douces et, si completes.
Il n'y a pas a dire quand on est ne campagnard, on ne se fait jamais au
bruit des villes. Il me semble que la boue de chez nous est de la belle
boue, tandis que celle d'ici me fait mal au coeur. J'aime beaucoup mieux
le bel esprit de mon garde champetre que celui de certains visiteurs
d'ici. Il me semble que j'ai l'esprit moins lourd quand j'ai mange la
fromentee de la mere Nannette que lorsque j'ai pris du cafe a Paris.
Enfin, il me semble que nous sommes tous parfaits et charmants la-has,
que personne n'est plus aimable que nous, et que les Parisiens sont tous
des paltoquets.
Viens nous voir, cependant ici, comme tu en avais le dessein. Cela me
fera du bien pour ma part, et, en embrassant les joues fleuries de ma
grosse Eugenie, il me semble que j'embrasserai sainte Solange, notre
patronne, en personne. Dis a cet infame Gaulois de m'ecrire un peu, et
dis-moi si ma pauvre petite Laure est mieux portante. Parle-moi aussi de
Duteil et d'Agasta, dont je ne sais rien et qui, de pres ni de loin, ne
me donnent signe de vie.
Vous etes bien gentils d'avoir fait quelque chose pour nos pauvres
incendies. De notre cote, nous meditons une petite soiree
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