ffaire de confiance et vous ne m'autorisiez pas, dites-vous, a vous
plaindre. Eh bien! mon vieux, je m'en abstiendrai devant vous, et, quand
madame Marliani viendra me parler de vous, je la prierai de ne pas vous
redire mon opinion sur votre maladie. Je ne sais pourquoi elle l'a fait,
je ne l'y avais pas autorisee.
Je ne me souviens pas de ce que je lui ai ecrit; ce n'etait pas une
_reponse_ a votre attaque, comme vous le pensez. Je ne croyais pas que
vous l'eussiez chargee de me faire le reproche que j'ai repousse. Quoi
qu'elle vous ait repete de ma lettre, je ne crains pas qu'elle vous
offense, a moins que vous ne soyez fou; car je suis sure de n'avoir
jamais eu ni un mauvais sentiment, ni une mauvaise pensee a votre egard.
Maintenant, si vous continuez a m'en vouloir, tant pis pour vous! vous
manquerez a la raison et a la justice. Vous me donnez une lecon un peu
reche. Elle ne me pique point, parce que je ne la merite pas. Vous me
croyez dure parce que je ne suis pas coquette. Je ne repondrai pas,
parce que c'est toujours une sotte chose de se laisser aller a parler
de soi. Ceux qui out besoin de cela pour nous connaitre ne nous aiment
point, et ceux qui nous aiment nous devinent. Je ne vous reproche pas
l'espece d'antipathie qui, malgre plusieurs choses aimables, perce dans
votre lettre. Vous faites profession de hair Dieu d'abord et ensuite
tous les hommes; je serais bien vaine de vouloir etre exceptee, et vous
ne vous trompez guere en disant que je ne vaux pas mieux que le premier
venu.
Je me defends seulement d'avoir ete mauvaise pour vous. Mes paroles
n'ont meme pas pu etre dures, puisque mon intention ne l'etait pas.
Votre lettre me prouve que vous etes encore plus _malade_ que je ne le
pensais, soit dit, _sans vous offenser_, pour la _derniere_ fois.
Vous me faites meme un peu l'effet de friser l'hypocondrie; vous etes
heureusement assez jeune pour la combattre et vous en distraire. Vieux,
vous en serez gueri par la force des choses. La jeunesse a un sentiment
tres apre de personnalite, orgueilleuse dans le triomphe, amere et
colere dans la chute, douloureuse dans l'inaction. Cela est bien; car,
sans cela, elle n'agirait pas; quand l'age de l'action est passe, la
personnalite s'efface, et l'on se console d'avoir trop ou trop peu agi,
quand on peut se dire qu'on a fait de son mieux, que l'action nous a
emporte ou que l'inaction nous a surmonte par la force des circonstances
exterieures, independantes de no
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