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oulez, je ferai le travail d'elaguer et d'indiquer a un nouvel examen de vous ce qui ne me paraitra pas bien. Mais, dans l'etat de fatigue et d'agitation ou vous etes, le plus sage serait de travailler moins souvent et d'apprendre davantage. Je vous blame beaucoup d'avoir une correspondance qui vous prend du temps. Je n'en ai pas, moi. Une fois par mois; j'ecris une douzaine de lettres, tant pour mes amis que pour mes affaires, et je recois au moins cent lettres par mois. Mais elles sont le fait de l'oisivete, de la curiosite et de la vanite. Je n'ai garde d'y repondre, quand je n'y vois aucune utilite pour moi ou pour les autres. Cela me fait des ennemis. Je m'y resigne, ne pouvant l'eviter et n'ayant pas le moyen de payer une secretaire pour la satisfaction d'autrui. Vous avez mieux a faire, mon cher enfant, que de gaspiller votre temps si rare, et vos forces si necessaires, a de menues expansions de banale correspondance ou l'on est toujours pousse par le besoin de parler de soi. Quand vous avez une heure de reste le soir, lisez donc de bons vers et de bonne prose, et, sans vous attacher a imiter aucun auteur, vous prendrez, sans vous en apercevoir, l'habitude d'un gout plus severe et d'une purete de forme plus soutenue. Quant aux lettres que vous m'ecrivez, mon cher poete, et que je recois toujours avec un vrai plaisir, ne vous demandez pas si elles sont bien ecrites. Elles le sont. Votre coeur y parle, et le _lecteur_ n'y cherche pas autre chose. Si vous avez le courage de faire ce que je vous dis, avant peu de mois, vous vous reveillerez un beau jour ayant beaucoup acquis, et, sans vous en rendre compte peut-etre, vous aurez trouve des formes irreprochables pour rendre vos pensees nobles et chaleureuses. Mais le travail, la maladie, la misere, me direz-vous? Oh! je sais bien ce que c'est. Si vous comptez vivre de votre plume, et progresser en meme temps, je vous dirai que c'est trop pour commencer, et qu'il faut vous resigner, pendant quelques annees encore, a choisir entre le profit et le progres du talent. Si vous etiez malade tout a fait et dans l'impossibilite de travailler des bras, j'espere que vous seriez assez bon fils pour me le dire et ne pas rougir d'un service, si tant est qu'on puisse appeler service un moment d'aide si doux a l'ami qui peut le procurer. Vous avez bien fait de repousser du pied l'or dont vous me parlez, si c'etait de cet or de mauvais aloi que nous savons bien et qui souille
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