i me brules-tu, ma couronne d'epines?
C'etait un mouvement divin.
Eh bien! beaucoup ont crie de meme dans ce siecle de corruption et
de faiblesse. On leur a donne de l'or et des honneurs; leur couronne
d'epines a cesse de les bruler. Aussi ce ne sont pas la des Christs, et
malgre le bruit qu'on fait autour d'eux, la posterite, les remettra a
leur place.
Faites-vous une place que la posterite vous confirme. Soyez le seul,
parmi tous les grands poetes de notre temps, qui sache tenir sous ses
pieds le demon de la vanite, comme l'archange Michel.
Je ne veux pas alterer en vous la sainte reconnaissance que vous portez
sans doute a l'auteur de votre preface; mais ce bon homme ne vous a pas
compris Il a eu peur de vous. Il vous a donne de mauvais conseils et
de pauvres louanges. Quand je parlerai de vous au public, j'espere en
parler un peu mieux. Quand vous ferez un nouveau recueil, je vous prie
de me prendre pour, votre editeur et de me confier le soin de faire
votre preface.
Adieu; jamais mot ne fut d'un sens plus profond pour moi que celui-la,
et jamais je ne l'ai dit avec plus d'emotion. A Dieu votre avenir, a
Dieu votre vertu, a Dieu le salut de votre ame et de votre vraie
gloire! que tout votre etre et toute votre vie restent dans ses mains
paternelles, afin que les hypocrites et les mystificateurs ne souillent
pas son oeuvre.
Si vous voulez m'ecrire, bien que je sois ennemie par nature et par
habitude du commerce epistolaire, je sens que j'aurai du bonheur a
recevoir vos lettres et a y repondre. Je pars pour la campagne dans huit
jours. Mon adresse sera: _La Chatre, departement de l'Indre_, jusqu'a la
fin d'aout.
Tout a vous.
Votre morceau sur _le Forcat_ m'a fait pleurer. Quelle societe! point
d'expiation! point de rehabilitation! rien que le chatiment barbare!
[1] M. Villemain.
CCXII
A M. EDOUARD DE POMPERY, A PARIS
Paris, 20 avril 1842.
Je vous dois mille remerciements, monsieur, pour l'appreciation
genereuse et sympathique que vous avez faite de mes ecrits dans la
_Phalange_. Vous avez donne a mon talent beaucoup plus d'eloges qu'il
n'en merite; mais la droiture et l'elevation de votre coeur vous ont
porte a cet exces de bienveillance envers moi, parce que vous ayez
reconnu en moi la bonne intention. _Pax hominibus bonae voluntatis_,
c'est ma devise, et le seul latin que je sache; mais, avec cette
certitude au fond de l'ame, d'avoir toujours eu
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