oulez; nous vous ecouterons.
Dites-nous ou le droit finit, ou le devoir commence, dites-nous quelle
liberte aura l'individu et quelle autorite la societe? quelle sera la
politique, quelle sera la famille, quelles seront les repartitions du
travail et du salaire, quelle sera la forme de la propriete? Discutez,
examinez, posez, eclaircissez, emettez tous les principes, proclamez
votre doctrine et votre foi sur tous ces points. Si vous possedez la
verite, nous serons a genoux devant vous. Si vous ne l'avez pas, mais
que vous la cherchiez de bonne foi, nous vous estimerons et ne vous
contredirons qu'avec le respect qu'on doit a ses freres.
Mais, quoi! au lieu de chercher ces discussions dont les masses tiennent
peut-etre quelques solutions vagues (qui n'attendent pour s'eclaircir
qu'un probleme bien pose), au lieu de dire chaque jour au peuple les
choses profondes qui doivent le faire mediter sur lui-meme et de lui
indiquer les principes d'ou il tirera ses institutions, vous vous bornez
a de vagues formules qui se contredisent les unes les autres et sur
lesquelles vous ne voulez pas plus vous expliquer que des mages ou des
oracles antiques? vous vous bornez a une guerre acre et sans gout, sans
esprit, sans discussion approfondie avec certains hommes et certaines
choses? Il est possible qu'un journal de votre espece soit necessaire
pour reveiller un peu la colere chez les mecontents et pour jeter
quelque terreur dans l'ame des gouvernants; mais ce n'est qu'un
instrument grossier. Qu'il fonctionne donc! Nous l'apprecions a sa juste
valeur et nous tenons sur la reserve pour ne pas ebranler une des forces
de l'opposition, qui n'en a pas de reste; mais ce n'est, a nos yeux
comme aux yeux du peuple, qu'une force aveugle; et, quand ceux qui font
jouer cette machine, cette catapulte informe, s'imaginent etre a la fois
et le peuple et l'armee, nous les renvoyons a leurs elephants et a leurs
pieces de bois, comme de vrais machinistes qu'ils sont. Vous dites a
cela: "Un journal qui parait tous les jours, et qui est expose a
toute la rigueur des lois de septembre, ne peut pas, comme un ouvrage
philosophique de longue haleine, soulever des discussions sur le fond
des choses; l'opposition de tous les instants, ne peut etre qu'une
guerre de _fait_ a _fait_."
A la bonne heure; mais, si vous etes des hommes capables, les futurs
representants de la France, comme vous le pretendez, pourquoi ne
faites-vous pas faire cette opposition, necess
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