m'a vue. Elle a ete frappee--c'est elle qui
parle--de la grace de mes danses et s'est informee de moi, sans que j'en
aie jamais rien su. Riche et puissante comme elle est, elle a eu
tot fait de decouvrir ce que je n'avais pu trouver en des annees de
recherches. Interessee, elle a desire me connaitre de pres; elle a
profite de la premiere occasion, avec d'autant plus d'empressement et de
joie que, ce faisant, elle me tirait d'un grand danger.
--En sorte, dit El Torero en hochant la tete, que je lui suis redevable
d'un grand service.
--Plus que vous ne croyez. Cesar, dit gravement la Giralda. Enfin,
pourquoi je suis restee quand j'etais libre de me retirer? Parce que la
princesse m'a affirme qu'il y avait danger de mort, pour quelqu'un
que vous connaissez, a me rencontrer pendant une periode de deux fois
vingt-quatre heures. Parce que j'aime ce quelqu'un plus que ma propre
vie et que, des l'instant ou ma presence pouvait lui etre mortelle, je
me serais plutot ensevelie vive. Parce que la princesse, enfin, m'avait
assure que, lorsque tout danger serait conjure, ce quelqu'un serait
avise et viendrait me chercher lui-meme. Faut-il aussi vous nommer ce
quelqu'un, don Cesar? ajouta la Giralda avec son sourire malicieux.
Autant El Torero s'etait montre inquiet, autant il etait maintenant
radieux.
Aussi accabla-t-il sa fiancee de remerciements et de protestations qui
la firent rougir de plaisir.
Mais son humeur jalouse dissipee par les franches explications de la
Giralda, ses transports un peu calmes, les paroles de sa fiancee ne
laisserent pas que de l'etonner grandement, et il s'ecria:
--Cette princesse me connait donc aussi? Et quel danger pouvait bien me
menacer? Savez-vous que tout cela est fort etrange?
--Pas tant que vous le supposez. Je vous ai dit que la princesse est
aussi bonne que belle, et elle sait qui vous etes, elle connait votre
famille.
--Elle sait qui je suis? Elle connait le nom de mon pere?
--Oui, Cesar, dit la Giralda, gravement.
--Elle vous a dit ce nom?
--Non! Ceci, elle ne le dira qu'a vous.
--Elle vous a dit qu'elle me revelerait le mystere de ma naissance?
demanda El Torero, fremissant d'espoir.
--Oui, seigneur, quand il vous plaira de le lui demander.
--Ah! s'ecria El Torero, il me tarde d'etre a demain pour aller voir
cette princesse et l'interroger. Oh! savoir enfin qui je suis et ce
qu'etaient les miens!
Pendant que les deux amoureux echangeaient leurs confidences
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