sa genereuse amitie. Car
Violetta, madame, c'est ma fiancee, et, moi, j'ai le bonheur d'etre
l'ami du chevalier.
A ces mots, Fausta hocha la tete en signe de sympathie. Mais sans doute
elle dut faire un terrible effort pour ne laisser echapper ni un mot, ni
un cri, ni un geste, car, sous son masque, elle devint tres pale.
Ce qu'elle venait d'apprendre la bouleversait. C'etait le renversement
immediat de toute sa pensee et de tout son sentiment. Violetta n'etait
pas l'amante de Pardaillan! Violetta etait la fiancee de Charles
d'Angouleme!...
Pour dire quelque chose, pour gagner du temps et tacher de voir clair en
elle-meme, elle reprit:
--Je ne m'etonne plus maintenant de l'interet que semblait temoigner M.
de Pardaillan a cette jeune fille... Ce gentilhomme parait avoir pour
vous une immense affection...
--Oui, dit Charles attendri; Pardaillan est mon ami, il est dans ma vie
comme un dieu tutelaire. Je lui dois mes joies les plus precieuses... Si
j'ai retrouve celle que j'aime, si elle n'est pas morte, c'est encore a
lui que je le dois...
--Quoi! s'ecria Fausta, cette pauvre enfant s'est donc trouvee en danger
de mort?...
La question etait si naturelle que Charles se mit a faire le recit
des evenements de la place de Greve, en insistant, bien entendu, sur
l'heroisme du chevalier de Pardaillan.
Fausta, tout en l'ecoutant avec attention, faisait son plan et decidait
du sort de Violetta.
La tuer?... A quoi bon maintenant?... Ecarter a tout jamais Violetta du
duc de Guise, cela suffisait. Et la situation s'eclaircissait ainsi:
Pardaillan etait pris ou allait l'etre. Farnese et Claude etaient
ses prisonniers et, des le soir meme, le tribunal secret allait les
condamner a mort. Il ne s'agissait donc que de s'emparer du duc
d'Angouleme et d'eloigner Violetta. C'est sur ce double probleme que se
concentra toute la force de calcul et de volonte de la Fausta.
Lorsque Charles eut acheve son recit emu, elle reprit:
--Je comprends tout maintenant. Ces gentilshommes, dans leur hate, n'ont
pu me donner que des renseignements incomplets. Et je ne comprenais pas
bien le mysterieux rendez-vous qu'ils assignaient.
--Un rendez-vous? fit Charles etonne.
--Je vois qu'il faut que je vous raconte les choses de point en point.
Comme je vous l'ai dit, monseigneur, surveillee, traquee, je suis entree
dans Paris a la faveur de ce deguisement. Pour tout vous dire d'un mot,
je suis de la religion... ce qu'ils nomment
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