--Gardez-vous-en bien, dit Fausta. Attendez la fin de mon message...
Alors, celui qui s'appelait maitre Claude commenca un long recit. Mais
j'entendais qu'il s'agissait de vous et le mot mariage frappa plusieurs
fois mes oreilles... Ce recit, le prince Farnese et le chevalier de
Pardaillan l'ecouterent avec une egale emotion... Enfin, le bourgeois,
maitre Claude, alla examiner la rue et revint en disant qu'elle etait
pleine de furieux dont on entendait les cris et qu'ils commencaient a
fouiller les maisons. Le chevalier de Pardaillan proposa de sortir par
une porte de derriere. Mais ou aller ensuite? C'est alors, monseigneur,
que je proposai a ces trois hommes, dont la situation m'avait emue, de
se retirer dans l'hotel de l'un de mes amis, situe tout proche, "Oui,
dit le prince Farnese, mais comment prevenir le fiance de ma fille?"
Ces derniers mots etaient un chef-d'oeuvre de ruse. Sachant ce qu'il
savait maintenant, Charles les trouva si naturels qu'il ne songea meme
pas a s'etonner. Fausta, voyant la confiance du duc, continua:
--Lorsque le prince Farnese eut parle de la necessite de vous prevenir,
je m'avancai et me proposai comme messagere.
--Ah! madame, s'ecria Charles en saisissant une main de Fausta et en la
portant a ses levres, tout a l'heure, je voulais respecter votre secret.
Maintenant je vous supplie de me dire a qui je suis redevable d'un si
grand service...
Fausta secoua la tete avec melancolie.
--Ce que j'ai fait est vraiment peu de chose, dit-elle, et ne merite pas
votre gratitude... Pour revenir a l'objet de mon message, il fut convenu
que les trois hommes se refugieraient dans l'hotel que je leur indiquais
et qu'ils attendraient la nuit pour en sortir. Quant a moi, le chevalier
de Pardaillan m'indiqua exactement la situation de votre hotel et me
dit de m'annoncer comme venant de la part du prince Farnese, de maitre
Claude et de M. de Pardaillan. C'est ce que j'ai fait... Alors, nous
sortimes tous par une porte detournee. Je les conduisis a l'hotel de mon
ami ou ils sont en surete et d'ou ils ne sortiront que ce soir a onze
heures. Voici exactement ce que me dit le chevalier de Pardaillan: "Pour
Dieu! madame, suppliez le duc d'Angouleme de ne pas bouger avant cette
nuit!..." Au moment ou j'allais m'eloigner, le prince Farnese me
remercia, puis ajouta ces paroles que je vous transmets:
"Ce soir, a minuit, nous attendrons le duc et ma fille dans l'eglise
Saint-Paul. Qu'il ne s'inquiete de ri
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