de l'instinct, Violetta venait de resumer Marie
Touchet tout entiere dans ces trois traits: la beaute, la bonte,
l'amour...
--Celui qu'elle aimait..., reprit Charles, ravi de la plus douce
emotion.
Et il conduisit Violetta au pied d'un autre portrait et dit:
--Mon pere, le roi Charles IX. tel qu'il etait deux ans avant sa mort...
Violetta considera le portrait avec une remarquable attention, puis elle
murmura:
--Pauvre petit roi!...
Charles d'Angouleme tressaillit. Il n'etait pas possible de trouver un
mot plus convenable pour traduire l'impression rendue par le peintre de
ce roi chetif, pale, dans les yeux troubles duquel pointait deja l'aube
livide des folies.
Ils causaient ainsi, sans emotion apparente, de choses qui ne se
rattachaient pas a leur amour. De leur amour, ils ne disaient pas un
mot. Mais toutes les paroles, tous les gestes de Charles, indiquaient
qu'il faisait entrer Violetta dans l'intimite de la maison, qu'elle
avait droit des ce moment de faire partie de la famille.
Ils se regardaient en souriant. Et c'etait une minute d'un charme
infini... Charles, tremblant, tira alors d'un bahut un ecrin qui
contenait plusieurs bijoux, et notamment des bracelets et des bagues
enrichis de diamants. Parmi ces bagues, il en etait une toute simple, en
or mat, qui portait une seule perle incrustee dans les dents du chaton
delicat, joyau fragile, d'une finesse admirable.
--Voici, dit-il alors, une bague que Charles IX a donnee a ma mere le
jour de ma naissance. Ma mere l'a retiree de son doigt lorsque je
l'ai quittee, et me l'a donnee en me disant que ce serait la bague de
fiancailles de celle que je choisirais pour epouse...
Alors, tout pale, palpitant, il prit la bague et la passa au doigt de
Violetta en balbutiant:
--Voila la bague de fiancailles que m'a donnee ma mere. Elle est a vous,
Violetta, et vous etes ma douce fiancee, comme vous etiez l'elue de mon
coeur des la minute ou je vous vis pour la premiere fois...
Enivres tous deux, extasies et fremissants, leurs mains se cherchaient,
leurs regards s'enlacaient, leurs bras, vaguement, s'ouvraient pour une
etreinte... A ce moment, on frappa a la porte. Presque aussitot, un
serviteur familier du duc entra, et Charles courut au-devant de lui.
--C'est le prince Farnese demanda-t-il ardemment.
--Non, monseigneur, mais un jeune gentilhomme qui vient de sa part,
ainsi que du chevalier de Pardaillan et de maitre Claude...
--Mon pere! murmu
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