ra pas.
--Et quelle est cette grace? fit Maurevert en tordant sa moustache avec
une febrile impatience.
--Pas grand-chose, dit Fausta: la vie et la liberte de M. de
Pardaillan...
Maurevert bondit.
--Voila ce que vous voulez que je demande au duc? fit-il d'une voix
alteree. Voila pres de dix-huit ans que je connais... Pardaillan. Et
voila dix-huit ans, madame, que j'attends une occasion pareille a celle
de ce jour. Si mon pere faisait un geste pour sauver Pardaillan,
je tuerais mon pere. Si le duc de Guise vous accordait la grace de
Pardaillan, je tuerais le duc, quitte a etre dechire sur place par
ses gardes! Si vous demandiez cette grace devant moi, je vous tuerais
vous-meme!...
En disant ces mots, Maurevert, la main crispee sur le manche de sa
dague, paraissait en effet pret a se ruer sur Fausta. Pourtant il reprit
rapidement son sang-froid, et s'inclinant:
--Adieu, madame. Pardonnez-moi de ne pouvoir vous escorter, sachant ce
que vous allez demander...
--Je le demanderai pourtant, dit Fausta en se levant.
--Heureusement, je n'en serai pas reduit au meurtre d'une aussi belle
creature que vous etes, madame, car je crois que le duc lui-meme vous
tuerait de ses mains, quelque regret qu'il en puisse eprouver ensuite,
plutot que de vous accorder la vie et la liberte de son plus mortel
ennemi.
--Il me l'accordera pourtant! dit Fausta avec cet accent d'irresistible
autorite qui courbait devant elle les fronts les plus orgueilleux. Je
parle ainsi, parce que, si vous obeissez a Guise, si Paris obeit a
Guise, c'est a moi que Guise obeit! Parce que je suis celle qui a
revolutionne le royaume et chasse Henri III! Celle qui echafaude le
trone de votre roi de demain; parce que je suis celle qui est envoyee
pour retablir l'ancien ordre des choses, parce que je suis Fausta!...
--Fausta! murmura Maurevert en frissonnant.
Et, dans son esprit eperdu, s'evoqua la mysterieuse legende de puissance
infinie qui escortait ce nom comme l'eclair escorte la foudre. Ce nom
chuchote avec terreur dans l'entourage du duc, ce nom qui faisait palir
Guise lui-meme, frappa Maurevert d'une sorte d'effroi superstitieux.
Il jeta un rapide regard sur cette femme. Ses genoux se plierent. Il se
prosterna. Fausta dedaigna ce triomphe.
--Maurevert, dit-elle d'une voix calmee, je connais ta haine contre
Pardaillan. Et, maintenant que tu sais qui je suis, je te demande:
Veux-tu me donner la vie et la liberte de cet homme?...
Un ve
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