rejoindre le duc. Voici mes ordres en ce qui concerne votre
ennemi... Pardaillan: le prendre vivant et le conduire a la Bastille
Saint-Antoine. Ajoutez que je veux etre prevenue des que l'homme sera
capture.
--Vous serez prevenue par moi-meme, dit Maurevert qui s'inclina, tout
etourdi de ce qui lui arrivait.
Fausta fit un geste de hautaine bienveillance, et Maurevert,
s'eloignant, sortit de la maison et reprit en toute hate le chemin de
la rue Saint-Denis. Quant a Fausta, si elle avait semble conduire
toute cette scene sans effort apparent, l'effort n'en etait pas moins
considerable, car, apres le depart de Maurevert elle pencha la tete et
la laissa tomber dans une de ses mains comme si elle eut ete un moment
accablee du poids de ses pensees.
"Pardaillan est pris, murmura-t-elle. Pris!... Conduit a la Bastille!...
Est-ce de la joie ou de la terreur qui fait palpiter mon sein?...
Pardaillan mourra sans que je l'aie revu..."
Et, secouant la tete comme pour se debarrasser dune pensee qui la genait
a ce moment, car elle avait une admirable methode de travail dans ses
conceptions:
"Mais qui se trouve, alors, dans l'hotel de la rue des Barres?... Ou est
Violetta?..."
Ayant ainsi parle, son visage un instant bouleverse par la passion
reprit toute sa sincerite. Elle appela ses femmes qui lui apporterent un
costume de gentilhomme qu'elle revetit, mit un masque de velours noir
sur son visage, et bientot, montant a cheval elle prit le chemin de la
rue des Barres, escortee d'un seul domestique.
Ce domestique, c'etait l'espion qui avait suivi maitre Claude.
Lorsqu'ils furent arrives rue des Barres, l'espion prit les devants et
s'arreta devant l'hotel d'ou il avait vu sortir Claude. Fausta mit pied
a terre et souleva elle-meme le marteau. Au bout de quelques instants,
le guichet de la porte s'ouvrit. Une figure d'homme parut derriere le
guichet.
--Que voulez-vous? demanda l'homme qui jeta dans la rue un regard rapide
et soupconneux.
Fausta repondit:
--Je viens de la part de M. le chevalier de Pardaillan, de maitre Claude
et de Mgr Farnese.
A peine Fausta eut-elle parle que la porte s'ouvrit precipitamment et
l'homme dit:
--Entrez, monseigneur vous attend...
--Monseigneur! songea Fausta en tressaillant.
Et elle entra sans hesitation apparente; mais sa main s'assura que la
dague et le pistolet passes a sa ceinture pouvaient etre facilement et
rapidement saisis.
--Venez, venez, monsieur! dit le servi
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