tre.
--Un gentilhomme de Mgr de Guise, dit le valet en flechissant le genou,
vient d'apporter cette missive. Il attend.
Fausta prit la lettre, la decacheta, la lut et tressaillit. Voici ce
quelle venait de lire;
"Madame, nous tenons le damne Pardaillan. Il est en l'auberge de la
Deviniere, sise rue Saint-Denis. que nous cernons de toutes parts.
La bete est prise au piege, et j'ai pense qu'il vous serait agreable
d'assister a l'hallali. Je vous envoie donc un de mes fideles, le sire
de Maurevert, qui se mettra a vos ordres pour vous conduire sur le
terrain de chasse.
La lettre n'etait ni signee ni scellee. Mais Fausta reconnut l'ecriture
de Guise.
--Faites entrer ce gentilhomme, dit-elle.
Les deductions de Fausta se trouvaient bouleversees: Pardaillan n'etait
pas rue des Barres avec Violetta. Pardaillan etait cerne rue Saint-Denis
par les hommes de Guise.
A ce moment, Maurevert entra. Et comme il savait qu'il etait envoye a
une princesse, il ne put retenir un geste d'etonnement en voyant un page
au pourpoint armorie de l'ecu de Lorraine, la ou il s'attendait a voir
une femme. Fausta, en effet, ne s'etait pas encore devetue du costume de
page qu'elle avait pris pour aller sur la Greve.
--Monsieur, dit-elle, vous m'etes envoye par le duc de Guise?
--Oui, madame, dit Maurevert en s'inclinant avec un sourire; car, dans
son esprit, cette femme habillee en page ne pouvait qu'etre l'une des
nombreuses amies de Guise.
--Madame, continua-t-il, mon seigneur duc m'envoie pour vous confirmer
la nouvelle incluse dans son message. A savoir que le sire de Pardaillan
va etre pris comme un renard au gite. S'il vous convient d'assister a
cette partie de plaisir, veuillez me suivre, madame, sans retard. Car
j'ai un certain interet a etre moi-meme present a l'operation.
Fausta, depuis l'entree de Maurevert, employait toutes les ressources de
son esprit a jauger l'homme, a son geste, a sa voix. Lorsque Maurevert
eut acheve de parler, elle comprit qu'une haine devorante poussait cet
homme qui des lors cessait d'etre a ses yeux un banal messager.
--Monsieur de Maurevert, fit-elle tout a coup avec un de ces sourires
qui faisaient frissonner, j'ai non moins de hate que vous de me rendre
aupres du duc de Guise...
--Partons donc...
--Un instant. Je veux vous dire la cause de ma hate, esperant que vous
m'aiderez dans mon projet. Je veux que vous demandiez pour moi une grace
a M. de Guise. Surement, il ne me la refuse
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