l'exemple et des
discours du roi, son zele eut tout le succes qu'il pouvait desirer;
chacun s'enrola a l'envi pour le secours de la Terre-Sainte, et l'on vit
renaitre dans le coeur des Francais l'ancienne ardeur de ces expeditions
d'outre-mer, si couteuses dans leurs preparatifs, toujours si
malheureuses dans l'execution. Les plus illustres d'entre ceux qui
prirent la croix, a l'exemple du monarque, furent les trois princes ses
freres, Robert, Alphonse et Charles; Pierre, comte de Bretagne, et Jean
son fils; Hugues, duc de Bourgogne; Guillaume de Dampierre, comte de
Flandre; le vaillant comte de Saint-Pol, et Gaucher de Chatillon, son
neveu; Hugues de Lusignan, comte de la Marche, et Hugues le Brun, son
fils aine; les comtes de Dreux, de Bar, de Soissons, de Rethel, de
Montfort et de Vendome; le sire Imbert de Beaujeu, connetable; Jean
de Beaumont, grand chambellan; Philippe de Courtenay, Archambaud de
Bourbon, Raoul de Courcy, Jean Desbarres, Gaubert d'Apremont et ses
freres, Gilles de Mailly, Robert de Bethune, Hugues de Noailles, et
Jean, sire de Joinville, dont l'histoire qu'il nous a donnee de cette
croisade est d'un style si naif qu'elle porte le sceau de la sincerite
et de la verite. On nomme, parmi les prelats qui se croiserent, Juhel de
Mayenne, archeveque de Reims; Guillaume Berruyer, archeveque de Bourges;
Robert de Cressonsac, eveque de Beauvais; Garnier, eveque de Laon;
Guillaume de Bussy, eveque d'Orleans; Hugues de la Tour, eveque de
Clermont, et Guy du Chatel ou de Chatillon, eveque de Soissons. Car
on etait persuade, par l'usage de deux siecles, que, quoique l'Eglise
defendit aux pretres d'aller a la guerre, il en fallait excepter les
expeditions contre les infideles, parce que c'etait courir au martyre.
On peut juger de l'effet que produisit sur la simple noblesse et sur le
peuple l'exemple des princes, des premiers seigneurs de l'etat, et des
eveques. Partout ou la croisade fut prechee, on vint en foule prendre
la croix, et le roi eut de quoi choisir parmi tous ceux qui se
presenterent, pour former une nombreuse et florissante armee.
Cette croisade produisait reellement de tres-bons effets: ceux qui
s'y enrolaient satisfaisaient aux devoirs de chretien, dont les moins
scrupuleux et les moins exacts s'acquittaient d'ordinaire fidelement.
Les perils extremes qu'ils allaient courir, la resolution ou ils etaient
de prodiguer leur vie et d'acquerir la couronne du martyre en combattant
contre les infidel
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