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beaucoup de bruit en Flandre, et qui aurait pu causer une guerre entre
ses vassaux.
Jeanne, comtesse de Flandre, etait morte sans laisser d'enfans, ni de
Ferrand de Portugal, son premier mari, ni de Thomas de Savoie, son
second; celui-ci n'avait remporte de cette alliance d'autre avantage que
le titre de comte et une pension de 6,000 livres.
Marguerite, soeur de la comtesse, lui succeda, paya le rachat de la
pension, fit son hommage au roi de France, et se soumit au traite fait
au commencement du regne de Louis, pour la liberte de Ferrand. Elle eut
des enfans de deux maris, dont le premier vecut meme long-temps apres le
second: c'est ce qui donna naissance a cette fameuse querelle dont il
est ici question. Voici comme elle est rapportee dans les chroniques de
Flandre[1]:
[Note 1: _Chron. Flam._, p. 26.]
"Baudouin 1er, empereur de Constantinople, pere des deux princesses,
Jeanne et Marguerite de Flandre, les avait mises sous la tutelle de
Philippe, comte de Namur, son frere; celui-ci les remit entre les
mains de Philippe-Auguste, roi de France, qui lui-meme les rendit
aux Flamands. Jeanne, avec l'agrement du monarque, epousa Ferrand de
Portugal. Marguerite, trop jeune encore, fut confiee a la garde de
Bouchard d'Avesnes. C'etait un seigneur bien fait, de beaucoup de
merite, a qui l'on ne pouvait reprocher autre chose que de s'etre charge
d'un grand nombre de benefices qui l'obligerent meme d'entrer dans les
ordres sacres.
"Embarrasse de la multitude de ceux qui pretendaient a l'alliance de sa
pupille, il consulta Mathilde, veuve de Philippe d'Alsace, oncle de la
jeune princesse; il en etait fort estime: elle lur fit entendre qu'il
pouvait les accorder en se mettant lui-meme sur les rangs. Il n'en
fallut pas davantage pour lui faire oublier ce qu'il etait. Il demande
Marguerite; il l'obtient sans aucune contradiction, et l'epouse
clandestinement selon quelques auteurs, et publiquement selon quelques
autres.
"La reflexion suit de pres la faute: elle lui rappelle son
sous-diaconat. Il part pour Rome, et court aux pieds du pape demander
dispense et pardon. On veut bien lui faire grace, a condition qu'il ira
passer un an dans la Terre-Sainte; qu'il remettra la princesse entre les
mains de ses parens, et qu'il leur fera satisfaction d'un tel outrage.
Il promit tout, et peut etre de bonne foi; mais un regard de Marguerite,
et le tendre accueil qu'elle lui fit a son retour, firent evanouir ses
belles resolutions
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