pour le premier pontife de la religion.
[Note 1: Daniel, tom. III, edition de 1722, p. 145.]
Cependant Louis ayant forme le dessein de debarquer au royaume de
Chypre, ou Henri, de la maison de Lusignan, regnait alors, fit faire,
avec l'agrement de ce prince, de prodigieux magasins dans cette ile, et
freter partout des vaisseaux qui devaient se rendre a Aiguemortes, sur
la Mediterranee, ou l'embarquement de l'armee francaise devait avoir
lieu. L'empereur Frederic le seconda genereusement, ayant donne ordre
dans tous ses ports de fournir aux munitionnaires de France des bles,
des vivres, des vaisseaux, et toutes les choses dont ils auraient
besoin.
Comme le roi d'Angleterre etait l'unique voisin que le roi eut a
craindre pour son royaume, durant son absence, et que la treve faite
avec lui, apres la journee de Taillebourg, etait sur le point de finir,
un de ses principaux soins fut d'en assurer la prolongation. Apres
plusieurs negociations la treve fut faite, et le pape s'en rendit le
garant.
Le roi menait avec lui le comte de la Marche et le comte Pierre de
Bretagne, les deux plus grands brouillons de son etat; mais le comte de
Toulouse, auquel il ne se fiait guere davantage, n'avait point encore
pris, du moins de concert avec lui, la meme resolution. Il fallut
l'engager a accomplir son voeu dans une occasion si favorable, qu'il ne
pouvait pas refuser avec honneur sans indisposer son souverain contre
lui. Il promit au roi de le suivre, et ce prince lui preta de l'argent
pour faire ses preparatifs: neanmoins, n'ayant pu les achever lorsque le
roi partit, le comte retarda son voyage jusqu'a l'annee suivante.
En tout cela le roi agissait en prince sage, mais il paraissait encore
dans toute sa conduite autant de piete que de prudence. Lorsqu'il fut
proche de son depart, il se fit une loi qu'il garda toute sa vie, de
ne plus se vetir d'ecarlate ni d'aucune autre etoffe precieuse. Il ne
portait plus d'eperons dores; il affectait une extreme simplicite jusque
dans ses armes, dans les harnais des chevaux qu'il montait, faisant
donner exactement aux pauvres ce qu'il epargnait par cette pieuse
modestie. On remarquait dans tout son exterieur un air de penitence et
d'humilite qui marquait parfaitement que le desir de la gloire n'avait
aucune part dans l'expedition qu'il meditait.
_Il juge un grand differend entre les comtes de Flandre et de Hainaut_.
Cependant, avant de partir, il termina un differend qui faisait alor
|