ts toute espece de propositions pour en
obtenir quelques pieces, que souvent d'autres soldats de l'armee
reprenaient.
Le meme jour, au soir, le feu fut mis a un temple grec, en face de
notre logement, et tenant au palais ou etait loge le marechal Mortier.
Malgre les secours que nos soldats porterent, l'on ne put parvenir a
l'eteindre. Ce temple, qui avait ete conserve dans son entier et ou
rien n'avait ete derange, fut, dans un rien de temps, reduit en
cendres. Cet accident fut d'autant plus deplorable, que beaucoup de
malheureux s'y etaient retires avec le peu d'effets qui leur
restaient, et meme, depuis quelques jours, l'on y officiait.
Le 26, je fus de garde aux equipages de l'Empereur, que l'on avait
places dans des remises situees a une des extremites de la ville et
vis-a-vis une grande caserne que l'incendie avait epargnee et ou une
partie du premier corps d'armee etait logee. Pour y arriver avec mon
poste, il m'avait fallu parcourir plus d'une lieue de terrain en
ruines et situe presque sur la rive gauche de la Moskowa, ou l'on
n'apercevait plus que, ca et la, quelques pignons d'eglises; le reste
etait reduit en cendres. Sur la rive droite, on voyait encore quelques
jolies maisons de campagne isolees, dont une partie aussi etait
brulee.
Pres de l'endroit ou j'avais etabli mon poste, se trouvait une maison
qui avait echappe a l'incendie; je fus la voir par curiosite. Le
hasard m'y fit rencontrer un individu parlant tres bien le francais,
qui me dit etre de Strasbourg, et qu'une fatalite avait amene a Moscou
quelques jours avant nous. Il me conta qu'il etait marchand de vins du
Rhin et de Champagne mousseux, et que, par suite de malheureuses
circonstances, il perdait plus d'un million, tant par ce qu'on lui
devait que par les vins qu'il avait en magasin et qui avaient ete
brules, et aussi par ce que nous avions bu et que nous buvions encore
tous les jours. Il n'avait pas un morceau de pain a manger. Je lui
offris de venir manger avec moi sa part d'une soupe au riz, qu'il
accepta avec reconnaissance.
En attendant la paix, que l'on croyait prochaine, l'Empereur donnait
des ordres afin de tout organiser dans Moscou, comme si l'on devait y
passer l'hiver. L'on commenca par les hopitaux pour les blesses de
l'armee; ceux des Russes memes furent traites comme les notres.
On s'occupa de reunir, autant que possible, les approvisionnements de
tous genres qui se trouvaient dans differents endroits de la ville.
Que
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