vert et, dans la nuit, chercha a le reconnaitre.
--Monsieur, dit Maurevert en dissimulant son visage et changeant de
voix, veuillez aller prevenir Sa Majeste la reine mere qu'il lui arrive
une nouvelle missive semblable a celle qu'elle a recue il y a huit
jours.
--Monsieur, dit Larchant, etes-vous fou? ou vous moquez-vous de moi?
Voir Sa Majeste a cette heure?
--C'est vous qui etes fou, dit Maurevert froidement. Car, si demain il
arrive un malheur dans le chateau, je dirai que vous m'avez empeche de
prevenir Sa Majeste, et vous serez arrete comme complice. Bonsoir!
--Hola, un instant, monsieur. J'y vais. Mais je vous previens que si la
reine ne vous recoit pas, et qu'elle soit mecontente d'etre eveillee a
deux heures du matin, je vous coupe les oreilles. Entrez au corps de
garde.
Un quart d'heure plus tard, Larchant etait de retour.
--Venez, monsieur, dit-il d'un ton d'etonnement, venez et excusez-moi.
La reine vous attend...
Lorsque Maurevert fut en presence de Catherine de Medicis dans
l'oratoire du rez-de-chaussee, il lui tendit la lettre en disant:
--Du prieur des jacobins a Mme la duchesse de Montpensier...
La reine devora la terrible lettre d'un regard. Mais elle garda pour
elle ses impressions.
--Il faut vous assurer de l'homme qui a apporte cette missive, dit-elle
simplement.
--C'est fait, madame.
--Ou est-il?...
--Dans les fosses du chateau, ou il boit de l'eau par sa gorge ouverte
pour avoir bu trop de vin chez moi.
La reine tressaillit, et jeta un regard pensif sur Maurevert.
Dix minutes plus tard, Catherine de Medicis entrait dans la chambre
du roi, le reveillait, et, lui mettant sous les yeux la lettre de
Bourgoing, lui disait:
--Sire, je vous avais demande trois jours pour vous apporter la preuve.
Trois heures m'ont suffi. Maintenant, il n'y a plus une minute a
perdre!...
XXIX
LES CLEFS DU CHATEAU
Le surlendemain, il y eut, sur convocation du roi, seance solennelle des
etats generaux. Apres la messe qui fut celebree par le vieux cardinal de
Bourbon, Henri III se rendit a la salle des seances.
Comme pour bien marquer un contraste avec le duc de Guise, qui ne venait
jamais au chateau qu'avec une imposante escorte, le roi avait donne
l'ordre de placer dans la grande salle le nombre de gardes strictement
exige par l'etiquette.
Le roi prit place sur son trone, et Guise, en sa qualite de
grand-maitre, s'assit devant lui, au pied des degres. Alors, le roi
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