on manteau, il reflechissait profondement.
"Voyons, gronda-t-il tout a coup, relisons. C'est une pensee insensee
qui m'a traverse l'esprit quand j'ai lu ces mots..."
Il battit le briquet et ralluma son flambeau. Et il se remit a lire.
Il ne relisait qu'un passage, toujours le meme, et tout ce qui etait
relatif au meurtre du roi lui etait indifferent.
Un bruit dans le couloir, une planche qui venait de craquer sans doute,
le fit tressaillir violemment. Il se leva d'un bond, la dague au poing,
l'oeil exorbite, la sueur au front.
"On a marche la!... qui vient de marcher?..."
Est-ce que Maurevert avait des remords?... Se repentait-il de sa
trahison?...
Ce n'etait point le remords qui l'immobilisait dans les tenebres...
c'etait la peur!... Car, lorsqu'il se decida enfin a se remettre en
route, bas, tres bas, comme s'il eut redoute de s'entendre lui-meme, il
murmura:
"Celui qui doit tuer le roi est accompagne d'un gentilhomme... l'oeil
froid et moqueur... fiere tournure... grand... robuste... qui est ce
gentilhomme?..."
Lorsqu'il eut descendu l'escalier exterieur qui aboutissait a la chambre
n deg. 3, lorsqu'il eut fait cent pas dans la rue, il s'arreta encore et
haussa violemment les epaules:
"Allons donc! gronda-t-il. Ce ne peut etre lui!... Pourquoi serait-ce
lui?..."
Et, arrive devant le porche du chateau, vers lequel il s'etait
machinalement dirige sans doute, la meme preoccupation n'avait cesse de
le hanter jusqu'a lui faire oublier le motif de sa visite nocturne, car
il prononca sourdement:
"La Cite etait cernee de toutes parts. Un renard n'eut pas trouve le
moyen d'en sortir. La Seine etait surveillee. Pres de quatre cents
hommes sont restes sur les bords et dans les barques jusqu'au soir,.. Il
est mort..."
Furieusement, il crispa les poings et gronda:
"Oui!... Mais alors... pourquoi n'a-t-on pas retrouve le cadavre?..."
--Au large! cria une voix dans la nuit.
C'etait la sentinelle placee devant le porche, qui venait d'apercevoir
Maurevert. Celui-ci tressaillit, s'enveloppa de son manteau jusqu'a
cacher son visage et, de sa place, dit tranquillement:
"Prevenez M. Larchant qu'il y a un courrier pour Sa Majeste."
Larchant, c'etait le capitaine des gardes qui, sous le commandement
direct de Crillon, veillait a la surete du chateau.
La sentinelle appela. Il y eut des allees et venues de lanternes. Et
enfin, au bout d'une demi-heure, le capitaine Larchant parut, s'approcha
de Maure
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