s Lois_ contient,
et, aussi, enveloppe. Il diminuera Montesquieu, en donnant pour tout ce
qu'il pense seulement ce qu'il souhaite. Mais il l'eclaircira aussi en
montrant, parmi tout ce qu'il explique, ce qu'il approuve.--Et voici, ce
me semble, a peu pres, ce qu'il dira.
Montesquieu etait un modere. Il l'etait de naissance, d'heredite et
comme de climat, etant ne de famille au-dessus de la moyenne, sans etre
grande, et dans un pays tempere et doux. Il detestait tout ce qui est
violent et brutal. Ayant eu vingt-cinq ans en 1715, la premiere grande
violence et frappante brutalite qu'il ait vue a ete le despotisme de
Louis XIV, la monarchie francaise se rapprochant du despotisme oriental.
L'horreur de cette contrainte est le premier sentiment dominant qu'il
ait eprouve. Les _Lettres Persanes_ le prouvent assez. La haine du
despotisme est restee le fond meme de Montesquieu.
Homme modere, il deteste le despotisme, parce qu'il est un etat violent
qui tend tous les ressorts de la machine sociale. Homme intelligent, il
le deteste parce qu'il est bete: "Pour former un gouvernement modere,
il faut combiner les puissances, les regler, les temperer, les faire
agir... c'est un chef-d'oeuvre... Le gouvernement despotique saute pour
ainsi dire aux yeux. Il est uniforme partout. Comme il ne faut que des
passions pour l'etablir, _tout le monde est bon pour cela_[40].--Voyez
cette pensee si profonde: "L'extreme obeissance suppose de l'ignorance
dans celui qui obeit; _elle en suppose meme chez celui qui commande_. Il
n'a point a raisonner, il n'a qu'a vouloir."--Voyez ce qu'il reprochait
dans sa jeunesse, et injustement, je crois, a Louis XIV; c'est surtout
d'avoir ete un sot[41]. Ce qui n'est pas calcul, prudence, prevoyance,
menagements delicats, exercice de l'intelligence ordonnatrice, le
revolte; et le despotisme n'est rien de cela. Gouverner, c'est prevoir.
Le gouvernement c'est le laboureur qui seme et recolte; le despotisme
c'est le sauvage qui coupe l'arbre pour avoir les fruits[42].
[Note 40: _Esprit_ (v. 14).]
[Note 41: _Persanes_, XXXVII. "J'ai etudie son caractere...."]
[Note 42: _Esprit_, v. 13]
Cette haine du despotisme, il l'applique a tout ce qui en porte la
marque. Il l'appliquait a son roi; remarquez qu'il l'applique a Dieu.
L'idee de Dieu-providence lui repugne. Un Dieu qui intervient dans les
affaires particulieres des hommes lui parait un gouvernement arbitraire;
c'est un tyran bon. Il resiste a cette conc
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