TURE
Les bas-reliefs et les statues qui decoraient les temples ou les
tombeaux etaient peints pour la plupart. Le granit, le basalte, le
diorite, la serpentine, l'albatre, les pierres colorees naturellement,
echappaient parfois a cette loi de polychromie: le gres, le calcaire, le
bois y etaient soumis rigoureusement, et, si on rencontre quelques
monuments de ces matieres qui ne sont pas enlumines, la couleur a
disparu par accident, ou la piece est inachevee. Le peintre et le
sculpteur etaient donc presque inseparables l'un de l'autre. Le premier
avait a peine acheve son oeuvre que le second s'en emparait, et souvent
le meme artisan s'entendait a manier le pinceau aussi bien que la
pointe.
1.--LE DESSIN ET LA COMPOSITION.
Nous ne connaissons pas les methodes que les Egyptiens employaient a
l'enseignement du dessin. La pratique leur avait appris a determiner les
proportions generales du corps et a etablir des relations constantes
entre les parties dont il est constitue, mais ils ne s'etaient jamais
inquietes de chiffrer ces proportions et de les ramener toutes a une
commune mesure. Rien, dans ce qui nous reste de leurs oeuvres, ne nous
autorise a croire qu'ils aient jamais possede un canon, regle sur la
longueur du doigt ou du pied humain. Leur enseignement etait de routine
et non de theorie. Ils avaient des modeles que le maitre composait
lui-meme, et que les eleves copiaient sans relache, jusqu'a ce qu'ils
fussent parvenus a les reproduire exactement. Ils etudiaient aussi
d'apres nature, comme le prouve la facilite avec laquelle ils
saisissaient la ressemblance des personnages, et le caractere ou le
mouvement propre a chaque espece d'animaux. Ils jetaient leurs premiers
essais sur des eclats de calcaire planes rudement, sur une planchette
enduite de stuc rouge ou blanc, au revers de vieux manuscrits sans
valeur: le papyrus neuf coutait trop cher pour qu'on le gaspillat a
recevoir des barbouillages d'ecolier. Ils n'avaient ni crayons ni
stylet, mais des joncs, dont le bout, trempe dans l'eau, se divisait en
fibres tenues et formait un pinceau plus ou moins fin, selon la grosseur
de la tige. La palette en bois mince, oblongue, rectangulaire, etait
pourvue a la partie inferieure d'une rainure verticale a serrer la
calame, et creusee a la partie superieure de deux ou plusieurs cavites
renfermant chacune une pastille d'encre seche: la noire et la rouge
etaient le plus usites. Un petit mortier et un pilon (Fig.156
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