is
quelles precautions?
Il se mit a etudier cette question et a chercher un moyen de la
resoudre, qui, tout en etant sur, ne le compromit pas; car il ne fallait
pas s'avancer a l'etourdie en cette affaire, ni s'exposer a blesser le
colonel en agissant d'une facon brutale et surtout directe contre un
membre de sa famille.
Le premier point a obtenir, c'etait de savoir ce qu'etait cette petite
Therese, et de reunir sur elle autant de renseignements qu'il etait
possible, afin de chercher dans ces renseignements un moyen d'action.
Mais c'etait la une tache peu commode, au moins pour le baron, qui ne
pouvait pas aller entreprendre une enquete de ce genre en plein faubourg
Saint-Antoine.
Heureusement cette enquete pouvait etre faite par des tiers, et le baron
n'avait pas besoin de la poursuivre lui-meme; restant soigneusement dans
la coulisse, sans meme laisser voir son ombre, il devait se contenter de
faire jouer cette piece par des marionnettes qu'il ferait agir et dont
il tiendrait les fils dans sa main; il n'avait qu'a reprendre et a
repeter la tactique qui lui avait si bien reussi, lorsqu'il avait voulu
savoir comment la marquise de Lucilliere s'introduisait la nuit chez le
colonel.
Seulement cette fois ce n'etait pas d'une balayeuse qu'il devait se
servir.
Ce n'etait pas ce que Therese faisait dans la rue qui l'inquietait,
c'etait ce qui se passait chez elle.
C'etait donc quelqu'un qui penetrat journellement dans l'interieur
d'Antoine Chamberlain, et qui fut en relations suivies avec celui-ci,
qu'il devait employer.
Pour tout autre que le baron, un agent reunissant ces conditions, et de
plus etant assez intelligent pour s'acquitter de sa mission, assez fin
pour tout voir, assez discret pour ne rien dire, eut ete difficile a
trouver, les financiers, en effet, n'entretenant pas ordinairement des
rapports intimes avec les menuisiers ou les ebenistes.
Mais ce qui eut ete a peu pres impraticable pour un financier francais,
anglais ou russe, ne l'etait pas pour un financier allemand, ayant,
comme le baron Lazarus, des relations avec la colonie allemande etablie
a Paris, dans celle qui habite les hotels de la Chaussee-d'Autin, aussi
bien que dans celle qui grouille dans les bouges de "la colline",
ce quartier central des balayeurs Hessois, ou dans ceux du quartier
Saint-Marcel.
Ce n'etait pas seulement sur les riches etrangers que Paris, a cette
epoque, exercait une toute-puissante attraction; de tous le
|