ution etait perdue. Apres Nerwinde et la defection de Dumouriez, ils
auraient du marcher en avant, ne laisser aucun repos a notre armee battue,
divisee et trahie; et, soit qu'on la fit prisonniere, soit qu'on la
rejetat dans les places fortes, nos campagnes restaient ouvertes a
l'ennemi victorieux. Mais les allies tinrent un congres a Anvers pour
regler les operations ulterieures de la guerre. Le duc d'York, le prince
de Cobourg, le prince d'Orange et divers generaux deciderent entre eux ce
qu'il convenait de faire. On resolut de prendre Conde et Valenciennes,
pour donner a la maison d'Autriche de nouvelles places fortes dans les
Pays-Bas, et de s'emparer de Dunkerque, pour assurer a l'Angleterre ce
port si desire sur le continent. Ces conventions faites, on recommenca les
operations. Les Anglais, les Hollandais etaient arrives en ligne. Le duc
d'York commandait vingt mille Autrichiens et Hanovriens; le prince
d'Orange quinze mille Hollandais; le prince de Cobourg avait quarante-cinq
Mille Autrichiens et huit mille Hessois. Le prince de Hohenlohe occupait
avec trente mille Autrichiens Namur et Luxembourg, et liait l'armee
coalisee des Pays-Bas avec l'armee prussienne chargee du siege de Mayence.
Ainsi quatre-vingt ou quatre-vingt dix mille hommes menacaient le Nord.
Deja les coalises faisaient le blocus de Conde, et la plus grande ambition
du gouvernement francais etait de debloquer cette place. Dampierre, brave,
mais se defiant de ses soldats, n'osait pas attaquer ces masses
formidables. Cependant, presse par les commissaires de la convention, il
ramene notre armee au camp de Famars sous Valenciennes, et le 1er mai il
attaque sur plusieurs colonnes les Autrichiens retranches dans les bois de
Vicogne et de Saint-Amand. Les combinaisons militaires etaient timides
encore; former une masse, saisir le point faible de l'ennemi, et le
frapper hardiment, etait une tactique inconnue aux deux partis. Dampierre
se jette avec bravoure, mais en petites masses, sur un ennemi divise
lui-meme, et qu'il eut ete facile d'accabler sur un point; puni de sa
faute, il est repousse apres un combat acharne. Le 9 mai il recommence
l'attaque; il etait moins divise que la premiere fois, mais les ennemis
avertis l'etaient moins aussi; et, tandis qu'il fait des efforts heroiques
pour decider de la prise d'une redoute qui devait determiner la jonction
de deux de ses colonnes, il est atteint d'un boulet de canon, et blesse a
mort. Le general Lamarche
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