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-t-elle dans un elan de reconnaissance emue. --Tu ne peux pas douter de mon devouement, a toi d'abord, et a ton pauvre frere ensuite. Tu m'as demande une chose impossible que j'ai du a mon grand regret te refuser, precisement par cela qu'elle etait impossible; mais, tu le sais bien, je suis a toi et aux tiens entierement. --Pardonne-moi. --Je n'ai rien a te pardonner; a ta place, je penserais comme toi, mais je crois qu'a la mienne tu agirais comme moi. --Sois certain que je n'ai jamais eu dans le coeur une idee de blame pour ce qui est chez toi affaire de dignite; c'est parce que tu es haut et fier que je t'aime si passionnement. Elle se leva. --Tu pars, dit-il. --Je voudrais porter a maman les bonnes paroles de madame Dammauville: tu sens avec quelle angoisse elle m'attend. --Partons; je te quitterai au boulevard pour monter chez Nougarede. L'entrevue avec l'avocat fut courte. --Vous voyez, cher ami, que mon plan est bon; amenez-moi madame Dammauville a l'audience et nous passerons quelques instants agreables. Cette fois, Saniel n'eut pas les hesitations de la veille et il entra dans la premiere boutique de coiffeur qu'il trouva sur son chemin. --Monsieur veut une frisure? demanda le garcon en le faisant asseoir dans un fauteuil. --Non, coupez-moi les cheveux a la tondeuse, et rasez-moi. --Ah! par exemple! Quand Saniel rentra chez lui, il alluma deux bougies et, les posant sur sa cheminee, il se regarda dans la glace. La coquetterie n'avait jamais ete son peche, et il lui etait souvent arrive de passer des series de semaines sans arreter ses yeux sur une glace: un debarbouillage avec un torchon rude, un coup de peigne a ses cheveux, un fort brossage a sa barbe, sa cravate nouee a la diable, et c'etait toute sa toilette, pour laquelle les miroirs ne lui servaient a rien. Cependant quand il etait jeune garcon, avant que la barbe lui poussat, il etait quelquefois reste devant la petite glace de son lavabo a s'etudier avec curiosite, se demandant ce qu'il etait et ce qu'il deviendrait, de meme que reflechissant a son avenir et sondant son intelligence, il s'etait demande a quoi il serait bon et quel homme la vie ferait de lui; et de cette epoque il se rappelait un visage energique aux traits nettement dessines, a la physionomie ouverte et franche qui, sans etre ce qu'on appelle jolie, n'etait cependant pas desagreable. Depuis, la barbe, en poussant, avait cache quelques-uns de ses trai
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