estion de la
consultation, mais, je te le repete, sans prononcer ton nom et sans
jamais te mettre en avant. Que cela soit bien entendu et, je t'en prie,
crois-moi quand je te l'affirme. Je lui representai que, puisque M.
Balzajette pouvait se dire, avec toutes les apparences de la raison,
qu'il l'avait guerie, il ne devait pas se facher qu'elle desirat
chercher a consolider cette guerison; que d'ailleurs elle avait des
motifs imperieux qui l'obligeaient a ne pas attendre, car il lui en
couterait beaucoup de se presenter a la cour d'assises dans un appareil
theatral qui n'etait pas du tout dans son caractere et dans ses
habitudes. Il ne m'avait pas fallu grande finesse pour deviner que le
souci de peiner ce vieil ami de son mari, qu'elle est trop intelligente
pour ne pas connaitre, etait l'empechement principal qui s'opposait a
cette consultation. Ce fut alors que ton nom fut prononce.
--Tu l'avoues donc!
--Tu vas voir comment et tu diras si tu dois t'en facher. Je n'ai pas
passe tant de temps aupres de madame Dammauville sans lui parler de
maman, et par consequent sans lui dire comment tu l'as guerie d'une
paralysie qui, par plus d'un point, ressemblait a la sienne. Il n'etait
pas mal, n'est-ce pas, de dire ce que tu avais fait pour nous, et, sans
rien laisser soupconner de mon amour, je pouvais bien sans doute faire
ton eloge que dictait la seule reconnaissance. Tu connais trop les
malades pour ne pas deviner que madame Dammauville elle-meme m'avait, la
premiere, interrogee bien des fois sur ces points de ressemblance entre
sa paralysie et celle de maman, sur le traitement que tu avais ordonne,
sur les effets qu'il avait produits, et naturellement comme toujours,
quand je parle de toi, quand j'ai la joie de prononcer ton nom, je lui
avais repondu longuement, en detail; ce n'est pas un crime, cela?
Elle attendit un moment en le regardant; sans adoucir la durete de son
regard, il lui fit signe de continuer.
--Quand j'insistai pour la consultation, madame Dammauville se
rappela ce que je lui avais dit et la premiere,--tu entends: la
premiere,--prononca ton nom. Je n'avais pas de raisons, il me
semble, pour m'enfermer dans une reserve qui eut ete inexplicable et
incomprehensible; je racontai donc tout ce que pouvait dire une femme
d'un homme dans ta position. Puisque tu avais soigne et gueri ma mere,
j'avais bien le droit de faire ton eloge; avec une nature comme la
sienne, elle n'eut pas compris que je ne le fisse
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