ote;
c'est Francois qui va partager."
FRANCOIS
--Et dans quoi les mettrons-nous? nous n'avons pas d'assiettes.
GABRIELLE
--Nous allons en avoir tout a l'heure. Que chacun prenne une grande
feuille de chataigner; en voici trois.
Chacun prit sa feuille, et Francois commenca le partage; les petites
filles le regardaient faire. Quand il eut fini:
"C'est tres mal partage, dit Gabrielle; tu nous as presque tout donne;
et il t'en reste a peine."
---Tiens, mon bon petit, en voici des miennes, dit Christine en versant
une part de ses fraises dans la feuille de Francois.
---Et en voila des miennes, dit Gabrielle en faisant comme Christine.
FRANCOIS
--C'est trop, beaucoup trop, mes bonnes amies.
GABRIELLE
--Du tout, c'est tres bien: mangeons.
FRANCOIS
--Comme vous etes bonnes! Quand je suis avec d'autres enfants, ils
prennent tout et ne m'en laissent presque pas.
II
PAOLO
Les enfants finissaient de manger leurs fraises et ils sortaient du
bois, quand ils virent arriver un jeune homme de dix-huit a vingt
ans qui tenait son chapeau a la main, et qui saluait a chaque pas en
s'approchant des enfants. Puis il resta debout devant eux, sans parler.
Les enfants le regardaient et ne disaient rien non plus.
"Signora, signor, me voila", dit le jeune homme saluant encore.
Les enfants saluerent aussi, mais un peu effrayes.
"Sais-tu qui c'est", dit Francois a l'oreille de Gabrielle.
GABRIELLE
--Non; j'ai peur. Si nous nous sauvions?
"Signora, signor, se souis venou, me voici", recommenca l'etranger
saluant toujours.
Pour toute reponse, Gabrielle prit la main de Christine et se mit a
courir en criant:
"Maman, maman, un monsieur!"
Elles ne tarderent pas a rencontrer Mme de Cemiane et M, de Nance qui
les avaient entendues crier et qui accouraient aussi, craignant quelque
accident.
"Qu'y a-t-il? Ou est Francois?" demanda M. de Nance avec anxiete.
--La, la, dans le bois, avec un monsieur fou qui va lui faire du mal,
dit Christine tout essoufflee.
M. de Nance partit comme une fleche et apercut Francois debout et
souriant devant l'etranger, qui se mit a saluer de plus belle?
M. DE NANCE
--Qui etes-vous, monsieur? Que voulez-vous?
L'ETRANGER, saluant.
--Moi, ze souis invite de venir se signor conte. C'est vous, signor
Cemiane.
M. DE NANCE
--Non, ce n'est pas moi, monsieur; mais voici Mme de Cemiane.
L'etranger s'approcha de Mme de Cemiane, recommenca ses saluts,
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