ine, qu'elle
remit a Mina pour la faire coucher, en lui recommandant de ne pas la
gronder. Quand M. des Ormes se trouva seul avec sa femme, il lui dit
avec emotion:
--Vous etes severe pour cette pauvre enfant, vous croyez trop aux
accusations de cette bonne, qui se plaint pour un rien.
MADAME DES ORMES
--Vous appelez la desobeissance un rien?
M. DES ORMES
--A savoir si elle a desobei.
MADAME DES ORMES
--Comment, si elle a desobei? Puisque Mina le dit!
M. DES ORMES
--Mina ne m'inspire aucune confiance; je l'ai surprise deja plus d'une
fois a mentir; et, de plus, je crois qu'elle deteste cette petite.
MADAME. DES ORMES
--Ce n'est pas etonnant! Avec elle, Christine est toujours desagreable
et maussade.
M. DES ORMES
--Ce qui prouve que Mina s'y prend mal. Mais, vous etes trop severe
avec Christine, parce que vous ne surveillez pas assez ce qui se passe,
et que vous ajoutez foi aux plaintes de la bonne, Christine a une
peur affreuse de cette Mina! De grace, mettez-y plus de soin et de
surveillance.
MADAME DES ORMES
--Ah! je vous en prie, parlons d'autre chose. Ce sujet m'impatiente.
M. des Ormes soupira, quitta le salon, et, curieux de voir ce que
faisait Mina, il alla voir si Christine se consolait de sa triste
journee; il entra chez elle. Christine etait dans son lit, et, seule,
elle pleurait tout bas. M. des Ormes s'approcha, se pencha vers le lit
de sa fille.
--Ou est ta bonne, Christine?
CHRISTINE
--Elle est sortie, papa
M. DES ORMES
--Comment? elle te laisse toute seule?
CHRISTINE
--Oui, toujours quand je suis couchee.
M. DES ORMES
--Veux-tu que je l'appelle?
--Oh! non! non! Laissez-la, je vous en prie, papa, s'ecria Christine
avec effroi.
--Pourquoi as-tu peur d'elle?
Christine ne repondit pas. Son pere insista pour savoir la cause de sa
frayeur; la petite finit par repondre bien bas:
--Je ne sais pas.
Ne pouvant en obtenir autre chose, il quitta Christine, triste et
preoccupe. Sa conscience lui reprochait son insouciance pour elle et le
peu de soin qu'il prenait de son bien-etre, sa femme ne s'en occupant
pas du tout. Quand il rentra au salon, il trouva Mme des Ormes d'assez
mauvaise humeur; il ne lui reparla plus de Christine ni de Mina, mais
il forma le projet de surveiller la bonne et de la faire partir a la
premiere mechancete ou calomnie dont elle se rendrait coupable.
III
DEUX ANNEES QUI FONT DEUX AMIS
Peu de jours apres, M. d
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