onta aussi
tout ce qui s'etait passe entre elle et Maurice, et tout ce qu'elle lui
avait dit, a lui, de bon et d'affectueux.
--J'aime cette enfant, elle est reellement bonne! dit M. de Nance;
vois-la le plus souvent possible, mon cher Francois; c'est, de tout
notre voisinage, la meilleure et la plus aimable.
VIII
MINA DEVOILEE
Le lendemain du diner, Christine se leva de bonne heure, parce que sa
bonne etait invitee a une noce dans le village, et qu'elle voulait se
debarrasser de Christine le plus tot possible.
--Allez demander votre dejeuner, dit Mina quand Christine fut habillee;
je n'ai pas le temps, moi; j'ai ma robe a repasser. Et prenez garde que
votre papa ne vous voie; s'il vous apercoit, je vous donnerai une bonne
lecon de precaution.
Christine alla a la cuisine demander son pain et son lait; elle
regardait de tous cotes avec inquietude.
--De quoi avez-vous peur, mam'selle demanda le cocher qui dejeunait.
CHRISTINE
--J'ai peur que papa ne vienne et qu'il ne me voie.
LE CUISINIER
--Qu'est-ce que ca fait! Votre papa ne vous gronde jamais.
CHRISTINE
--Ma bonne m'a defendu que papa me voie a la cuisine.
LE COCHER
--Mais puisque c'est elle qui vous a envoyee!
CHRISTINE
--C'est qu'elle va a la noce, et elle repasse sa robe.
LE COCHER
--Et elle vous plante la comme un paquet de linge sale! Si j'etais de
vous, mam'selle, je raconterais tout a votre papa.
CHRISTINE
--Ma bonne me battrait, et maman ne me croirait pas.
LE COCHER
--Mais votre papa vous croirait!
CHRISTINE
--Oui, mais il n'aime pas a contrarier maman... Il faut que je m'en
aille; voulez-vous me donner mon pain et mon lait pour que je puisse
dejeuner?
LE CUISINIER
--Mais vous ne pouvez pas emporter votre chocolat, mam'selle! il vous
brulerait.
CHRISTINE
--Je n'ai pas de chocolat; je mange mon pain dans du lait froid.
LE CUISINIER
--Comment? Votre bonne vient tous les jours chercher votre chocolat.
CHRISTINE
--C'est elle qui le mange; elle ne m'en donne pas.
LE CUISINIER
--Si ce n'est pas une pitie! Une malheureuse enfant comme ca! Lui voler
son dejeuner! Tenez, mam'selle, voila votre tasse de chocolat, mangez-le
ici, bien tranquillement.
CHRISTINE
--Je n'ose pas; si papa venait!
--Venez par ici, dans l'office; personne n'y entre; on ne vous verra
pas.
Le cuisinier, qui etait bon homme, etablit Christine dans l'office et
placa devant elle une grande tasse de cho
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