colat et deux bons gateaux.
Christine mangeait avec plaisir cet excellent dejeuner, lorsqu'a sa
grande terreur elle entendit la voix de sa bonne.
MINA
--Monsieur le chef, le chocolat de Christine, s'il vous plait.
LE CUISINIER, d'un ton bourru:
--Je n'en ai pas fait.
LA BONNE
--Comment? vous n'avez pas fait le dejeuner de Christine?
LE CUISINIER, de meme.
--Si fait! Vous avez envoye demander un morceau de pain sec et du lait
froid: je les lui ai donnes.
LA BONNE
--Il me faut son chocolat pourtant.
LE CUISINIER
--Vous ne l'aurez pas.
LA BONNE.
--Je le dirai a madame.
LE CUISINIER
--Dites ce que vous voudrez et laissez-moi tranquille.
Mina sortit furieuse; elle dut attendre le reveil de Mme des Ormes pour
porter plainte contre le cuisinier; elle attendit longtemps, ce qui
augmenta son humeur. Christine, inquiete et effrayee, n'osa pas rentrer
dans sa chambre; elle resta dehors jusqu'a l'arrivee de Paolo, qu'elle
attendait et qu'elle considerait comme son protecteur, meme vis-a-vis de
sa mere; il ne tarda pas a paraitre avec un gros paquet sous le bras.
L'accueil empresse et amical de Christine le toucha et augmenta sa
sympathie pour elle.
--Tenez, signorina, dit-il, voici un gros paquet pour vous.
CHRISTINE
--Pour moi? Pour moi? Qu'est-ce que c'est?
PAOLO
--C'est M. de Nance qui vous envoie des livres, des cahiers, des plumes,
des crayons, un pupitre, toutes sortes de choses pour vos lecons;
seulement, il vous prie de ne pas montrer tout cela, et de ne parler que
des livres, qu'il a promis devant votre maman.
CHRISTINE
--Pourquoi ca?
PAOLO
--Parce qu'on pourrait croire que votre maman vous refuse ce qu'il vous
faut, et que cela lui ferait du chagrin.
CHRISTINE
--Oh! alors, je ne dirai rien du tout; dites-le a ce bon M. de Nance, et
remerciez-le bien, bien, et Francois aussi. Mais, si on me demande qui
m'a envoye ces choses, qu'est-ce que je dirai pour ne pas mentir?
PAOLO
--Si on vous demande, vous direz: "C'est bon Paolo qui a apporte tout.
Et c'est la verite. Mais on ne demandera pas. Le papa croira que c'est
la maman, et la maman croira que c'est le papa".
Pendant que l'heureuse Christine rangeait ses livres, papiers, etc.,
dans sa petite commode, et commencait une lecon avec Paolo, Mme des
Ormes s'eveillait et recevait les plaintes de Mina contre le chef, qui
refusait le chocolat de Christine.
MADAME DES ORMES
--Dieu! que c'est ennuyeux
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