rmes, il faut que vous fassiez partir
aujourd'hui meme cette mechante femme.
MADAME DES ORMES
--Dieu! quel ennui! Faites-la partir vous-meme; je ne veux pas me meler
de cette affaire; c'est vous qui l'avez commencee, c'est a vous de la
finir.
M. DES ORMES, severement
--C'est vous qui la terminerez, Caroline, en expiation de votre
negligence a l'egard de Christine. Moi je ne pourrais contenir ma colere
en face de cette abominable femme qui rend depuis plus de deux ans cette
malheureuse enfant l'objet de la pitie de nos domestiques, meilleurs
pour elle que nous ne l'avons ete. Chassez cette femme de suite.
MADAME DES ORMES
--Et que ferai-je de Christine? Ah!... une idee! je vais prendre Paolo
pour la garder.
M. DES ORMES
--C'est ridicule et impossible! Mais il est certain que Christine serait
bien gardee; Paolo est un homme excellent; on dit beaucoup de bien de
lui dans le pays. En attendant que vous ayez une bonne (et il faut
absolument en chercher une), dites a votre femme de chambre de soigner
Christine.
M. des Ormes sortit, riant a la pensee de Paolo bonne d'enfant. Mme des
Ormes sonna, se fit amener Mina, lui donna ses gages, et lui dit de s'en
aller de suite. Mina commenca une discussion et une justification; Mme
des Ormes s'ennuya, s'impatienta, se mit en colere, cria, et, pour se
debarrasser de Mina, apres une discussion d'une heure et demie, elle
lui doubla ses gages, lui donna un bon certificat et promit de la
recommander.
IX
GRAND EMBARRAS DE PAOLO
Pendant que Mina faisait ses paquets et se promettait de se venger de
Christine en disant d'elle tout le mal possible, Paolo continuait et
achevait la lecon de Christine; il fut enchante de l'intelligence et de
la bonne volonte de son eleve, qui, des la premiere lecon, apprit ses
chiffres, ses notes de musique, quelques mots italiens, et commenca a
former des a, des o, des u, etc. Quand Mme des Ormes entra au salon,
elle la trouva rangeant avec Paolo ses livres et ses cahiers.
--Ah! vous voila, mon cher monsieur Paolo! Je viens vous demander de me
rendre un service.
--Tout ce que voudra la signora, repondit Paolo en s'inclinant.
--Je viens de renvoyer Mina, que mon mari a prise en grippe; je ne sais
que faire de Christine. Aurez-vous la bonte de venir passer vos journees
chez moi pour la garder et lui donner des lecons?
Paolo, etonne de cette proposition inattendue et dont lui-meme devinait
le ridicule, resta quelques instants
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