oi. Ne
la laissez pas venir, cher M. de Nance. Je viendrai la voir chez vous...
Adieu... Eh bien! ou est Paolo?.. Paolo!... mon pauvre Paolo! Il sera
parti en avant dans son empressement de me voir.
Et Mme des Ormes hata le pas, pour rentrer et retrouver Paolo, auquel
elle voulait faire executer differents travaux dans ses appartements.
M. de Nance fut quelques minutes, avant de revenir de son etonnement.
Cette mere retrouvant sa fille sans aucune joie, aucune emotion, apres
une separation de huit mois! ne s'occupant que de la taille et de l'age
de sa fille, qu'elle veut cacher pour se rajeunir elle-meme! c'etait
plus revoltant encore que l'indifference passee; et la tendresse de M.
de Nance pour Christine se revoltait d'un accueil aussi froid. Francois
et Christine n'etaient pas encore revenus de leur frayeur d'etre
separes, et de leur stupefaction de se sentir reunis pour longtemps.
CHRISTINE
--Oh! Francois, Francois! quel bonheur que j'ai tant grandi! Je vais
tacher de beaucoup manger pour grandir plus encore et pour rester ici
avec toi.
Christine et Francois sautaient et battaient des mains dans leur joie;
M. de Nance rit de bon coeur de la resolution de Christine. Chacun
avait compris son bonheur et se livrait a une gaiete bruyante et a
des plaisanteries rejouissantes, lorsque Paolo parut, l'air encore si
effraye et regardant de tous cotes si la tete de Meduse avait reellement
disparu. Se voyant en famille, comme il disait, il se mit aussi a battre
des mains, a gambader, a rire tout haut, au grand ebahissement de ses
amis; Francois et Christine joignirent leur gaiete a la sienne; M. de
Nance riait en les regardant.
--Ze me souis cace derriere le gros arbre! Z'avais oune peur terrible
que la signora ne m'apercout et ne me tirat de ma cacette. Quelle
signora terribila! Aie! ze crois que ze l'entends.
Et Paolo se precipita derriere son arbre. C'etait une fausse alerte;
personne ne parut.
XXI
VISITES DE M. ET MADAME DES ORMES
Les habitants du chateau de Nance ne s'apercurent du retour de M. et Mme
des Ormes que par quelques rares apparitions du pere ou de la mere de
Christine. M. des Ormes confirma la defense qu'avait faite sa femme a
Christine de venir au chateau.
--Ta mere a toujours du monde; elle craint que tu ne t'ennuies, que
tu ne deranges tes heures de travail; et puis il faudrait venir te
chercher, te ramener, ce qui serait difficile avec tous ces messieurs et
dames qu'il faut prome
|