une fete de
t'avoir, et tu vas venir passer quelque temps avec nous. Je l'avais deja
demande a ta mere, qui m'a dit de faire tout ce que je voudrais.
CHRISTINE
--Permettez-vous, ma tante, que j'ecrive a M. de Nance pour demander son
consentement, et que j'attende sa reponse?
--Certainement, ma chere petite, repondit en souriant Mme de Cemiane. Il
est ton pere d'adoption, et tu fais bien de le consulter.
Quatre jours, apres, Mme de Cemiane, qui avait aussi ecrit a M. de
Nance, vint enlever Christine et Isabelle du couvent. Christine avait
recu de son cote un consentement plein de tendresse de son pere adoptif;
il lui reprochait d'avoir attendu ce consentement; il lui faisait les
promesses les plus consolantes pour l'avenir, la suppliait de ne pas
perdre courage, que l'heure de la reunion n'etait pas si eloignee
qu'elle le croyait, etc.
Gabrielle et Bernard furent enchantes d'avoir leur cousine. Christine
elle-meme fut distraite forcement de son chagrin par la gaiete de ses
cousins, par les soins affectueux de son oncle et de sa tante; elle
retrouvait sans cesse des souvenirs de Francois et des jours heureux
qu'elle avait passes avec lui dans son enfance. Gabrielle, voyant le
charme que trouvait Christine a tout ce qui la ramenait a Francois et a
M. de Nance, et trouvant elle-meme un vif plaisir a rappeler cet heureux
temps, en parlait sans cesse; elle questionna beaucoup Christine sur
la vie qu'elle menait a Nance, s'etonnait qu'elle y eut trouve de
l'agrement, parlait de Paolo, de Maurice, demandait des details sur sa
maladie et sa mort.
--Ce qui est surprenant, dit Christine, c'est qu'on n'ait jamais su
comment lui et Adolphe se sont trouves tout en haut, dans une mansarde,
pendant l'incendie du chateau des Guilbert.
GABRIELLE
--On le sait tres bien. Adolphe l'a raconte a Bernard. Tu sais qu'ils
avaient si bien dine, qu'ils se sont trouves malades apres et puis
qu'ils etaient de mauvaise humeur; ils sont restes au salon; Maurice
avait decouvert un paquet de cigarettes oubliees sur la cheminee; il
engagea Adolphe a les fumer; ils allumerent leurs cigarettes et jeterent
les allumettes, sans penser a les eteindre, derriere un rideau de
mousseline, qui prit feu immediatement. Ne pouvant l'eteindre, et voyant
s'enflammer la tenture de mousseline qui recouvrait les murs, ils furent
saisis de frayeur; ils n'oserent pas s'echapper par les salons et le
vestibule, craignant d'etre rencontres par les domestiques
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