e me devouer a lui et a mon pere pour leur temoigner
ma vive reconnaisance de tout ce qu'ils ont fait pour moi; et, quant au
bras, je sais marcher seule; je deteste de donner le bras.
GABRIELLE
--Alors tout est pour le mieux; mais je n'envie pas ton bonheur.
Le diner vint interrompre la conversation des deux cousines; les
domestiques restes au chateau avaient fait la grosse besogne, les
chambres, les lits, etc. Le cocher recut l'ordre de se trouver le
lendemain a l'heure voulue au chemin de fer, et Christine retourna
chez sa tante, heureuse et joyeuse de l'attente du lendemain; elle
s'attendait peu a la surprise qu'elle devait eprouver.
XXVIII
METAMORPHOSE DE FRANCOIS
Ce lendemain si desire arriva; Christine, un peu pale, les yeux un peu
battus, parut au dejeuner apres lequel elle devait aller attendre M. de
Nance et Francois au chateau.
MADAME DE CEMIANE
--Tu es pale, Christine; souffres-tu?
CHRISTINE
--Non, ma tante; j'ai mal dormi: la joie m'a agitee; c'est pourquoi je
me sens un peu fatiguee.
Le dejeuner sembla long a Christine; des qu'Isabelle fut prete a
l'accompagner, elle dit adieu a sa tante, a Gabrielle et a Bernard, et
s'elanca dans la voiture qui devait l'emmener. Ses yeux rayonnaient, son
visage exprimait le bonheur; arrivee a Nance, elle ne voulut pas quitter
le perron, de crainte de manquer le moment de l'arrivee; l'attente ne
fut pas longue; la voiture parut, s'arreta au perron, et M. de Nance
sauta a bas de la voiture et recut dans ses bras sa fille, sa Christine
qui versait des larmes de joie.
CHRISTINE
--Mon pere! mon pere! quel bonheur! Et Francois, mon cher Francois, ou
est-il? Oh! mon Dieu! Francois! Qu'est-il arrive?
M. DE NANCE, l'embrassant encore
--Le voila, ton Francois! Tu ne le vois pas? Ici, devant toi.
Et, au meme instant, Christine se sentit saisie dans les bras d'un grand
jeune homme.
Christine poussa un cri, s'arracha de ses bras, et, se refugiant dans
ceux de M. de Nance, regarda avec surprise et terreur.
FRANCOIS
--Comment, ma Christine, tu ne reconnais pas ton Francois? tu le
repousses?
CHRISTINE
--Francois, ce grand jeune homme? Francois?
FRANCOIS
--Moi-meme, ma Christine cherie, bien-aimee! C'est moi, gueri, redresse
par Paolo.
Christine poussa un second cri, mais joyeux cette fois, et se jeta a son
tour dans les bras de Francois.
PAOLO
--Ah ca! et moi? Ze souis la comme oune buce, sans que personne me
regarde et m'
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