voila qui courent dans le zardin
apres ce poulain esappe! Voyez qu'ils sont zentils! La Christinetta!
voyez qu'elle est lezere comme oune petit oiseau! Et le zeune homme! le
voila qui saute une barriere. Le beau zeune homme! C'est que z'en souis
zaloux, moi! Voyez quelle taille! quel robuste garcon!
Et Paolo sautait lui-meme, pirouettait.
--Signor mio, dit-il un jour, ze souis oune malheureux, oune profond
scelerat!... Ze m'ennouie de la patrie! Il faut que ze revoie la patrie!
O patria bella! O Italia! Signor mio, laissez-moi zeter un coup d'oeil
sur la patrie, seulement oune petite quinzaine.
-Quand vous voudrez et tant que vous voudrez, mon pauvre cher garcon; je
vous payerai votre voyage, votre sejour, tout.
--O signor! s'ecria Paolo, vous etes bon, vraiment bon et zenereux!
Alors ze pourrai partir demain?
--Certainement, mon ami, repondit M. de Nance en riant de cet
empressement. Demandez malles, chevaux, voiture, quand vous voudrez. Ce
soir, je vous remettrai mille francs pour les frais du voyage. Paolo
serra les mains de M. de Nance et voulut les baiser, mais M. de Nance
l'embrassa et lui conseilla de s'occuper de ses malles.
L'absence de Paolo dura deux mois; a la fin du premier mois, il ecrivit
a M. de Nance:
"O signor de Nance! qu'ai-ze fait, malheureux! Pardonnez-moi! Pitie pour
votre Paolo devoue!... Voila ce que c'est, signor. Z'ai retrouve oune
zeune amie que z'aimais et que z'aime parce qu'elle est bonne et
sarmante comme Christinetta; cette pauvre zeune amie n'a rien que du
malheur; elle me fait pitie, et moi ze loui dis: "Cere zeune amie,
voulez-vous etre ma femme? Il zouste comme notre cer Francois a la
Christinetta; et la zeune amie se zette dans mes bras et me dit: "Ze
serai votre femme", zouste comme notre Christinetta a Francois. Et moi,
ze n'ai pas pense a vous, excellent signor; et ze ne veux pas vivre loin
de vous, et ze ne veux pas laisser ma femme a Milan. Alors quoi faire,
cer signor? Ze souis au desespoir, et ze pleure toute la zournee; et
ma zeune amie pleure avec moi! Quoi faire, mon Dieu, quoi faire? Si ze
reste loin de vous, ze meurs! Si ze laisse ma zeune amie, ze meurs.
Alors, quoi faire? Ze vous embrasse, mon cer signor; z'embrasse mon
Francois ceri, ma Christinetta bien-aimee; cers amis, conseillez votre
pauvre Paolo et sa zeune amie.
"PAOLO PERRONI.".
M. de Nance s'empressa de faire voir cette lettre a ses enfants.
--Que faire? leur dit-il en riant. Que faire?
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