it malheureuse par son caractere brutal et emporte.
Gabrielle epousa un jeune depute plein d'intelligence et de bonte; elle
fut tres heureuse avec son mari et continua a venir passer tous ses etes
chez sa mere a Cemiane, et a voir presque tous les jours Christine et
Francois.
Bernard ne se maria pas; il aima mieux aider son pere a cultiver ses
terres. Il s'occupait de musique et de peinture et il passait presque
tous ses hivers a Nance; Christine et Francois etaient excellents
musiciens, de sorte que tous les soirs, aides de Paolo, de sa femme et
de Bernard, ils faisaient une musique excellente qui ravissait M. de
Nance.
Un jour que Christine questionnait affectueusement Bernard sur la vie
qu'il menait et qui lui semblait bien isolee:
--Christine, repondit-il, je vis et je mourrai seul, Quand je t'ai
bien connue, a notre retour de Madere, je me suis dit que je ne serais
heureux qu'avec une femme semblable a toi, bonne, pieuse, devouee,
intelligente, gaie, instruite, raisonnable, charmante enfin. Je ne l'aie
pas trouvee; je ne la trouverai jamais. Voila pourquoi je reste garcon
et pourquoi je suis sans cesse a Nance.
Christine l'embrassa pour toute reponse, et fit part de l'explication de
Bernard a Francois et a M, de Nance, qui l'en aimerent plus tendrement.
Isabelle resta et est encore chez ses enfants, comme elle continue
d'appeler Francois et Christine; elle soigne et eleve tous leurs
enfants, et elle declare qu'elle mourra chez eux. Christine et Francois
la comblent de soins et d'affections; elle est heureuse plus qu'une
reine.
Quant a Christine et a Francois, ils ne se lassent pas de leur bonheur;
ils ne se quittent pas; ils n'ont jamais de volontes, de gouts, de
desirs differents. Ils ne vont pas a Paris, et ils vivent a Nance chez
leur pere.
Mme de Sibran est morte peu apres la triste fin du malheureux Adolphe,
M. de Sibran, bourrele de remords de l'education qu'il avait donnee a
ses fils, s'est fait capucin; il preche bien et il est tres demande pour
des missions.
Mina est entree chez une princesse valaque, ou on lui promettait de bons
gages; mais, ayant ete surprise par le prince pendant qu'elle battait
une des petites princesses, le prince la fit saisir et la fit battre de
verges a tel point qu'elle passa un mois a l'hopital. Quand elle fut
guerie, elle voulut partir, mais le prince la retint de force et
l'obligea a reprendre son service; il n'y a pas de mois qu'elle ne soit
vigoureusement
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