embrasee. Ma Christinetta oublie son cer Paolo!
--Mon bon, mon cher Paolo! dit Christine en quittant Francois et en
embrassant Paolo a plusieurs reprises. Non, je n'oublie pas ce que je
vous dois. Si vous saviez combien je vous aime! quelle reconnaissance
je me sens pour vous! Oh! Francois! cher Francois! mon coeur deborde de
bonheur. Pauvre ami! te voila donc depouille de cette infirmite qui
gatait ta vie!
FRANCOIS
--Et que je benis, ma soeur, mon amie, puisqu'elle m'a fait connaitre les
adorables qualites de ton coeur et le degre de devouement auquel pouvait
atteindre ce coeur aimant et devoue.
--Devouement? dit Christine en souriant; ce n'etait pas du devouement:
c'etait l'affection, la reconnaissance la plus tendre et la mieux
meritee; je n'y avais aucun merite; j'aimais toi et mon pere parce que
vous avez ete toujours pour moi d'une bonte constante, si pleine de
tendresse, que je m'attendrissais en y pensant... Mais pourquoi, mon
pere, ne m'avez-vous pas dit ou ecrit ce que faisait notre bon Paolo
pour mon cher Francois?
M. DE NANCE
--Parce que le traitement pouvait ne pas reussir, et que tu pouvais
en eprouver du mecompte et du chagrin. Paolo avait invente un systeme
mecanique qui agissait lentement et qui pouvait ne pas avoir le succes
qu'il en esperait. Je t'ai donc laissee au couvent, me trouvant dans la
necessite d'habiter un pays chaud pendant deux annees que devait durer
le traitement de Francois.
CHRISTINE
--Et pourquoi ne m'avoir pas emmenee?
M. DE NANCE, souriant.
--Parce que tu avais seize ans, que Francois en avait vingt, et que ce
n'eut pas ete convenable aux yeux du monde que je t'emmene avec moi.
CHRISTINE
--Ah oui! le monde! c'est vrai. Et avez-vous recu ma lettre et celle de
ma mere?
M. DE NANCE
Le matin meme de notre depart, mon enfant. Tu nous as parfaitement
juges; bien loin de regretter ta fortune, nous sommes enchantes de
n'avoir d'eux que toi, ta chere et bien-aimee personne, et d'avoir meme
a te donner ta robe de noces.
CHRISTINE
--Embleme de mon bonheur, pere cheri! Et moi, je suis heureuse de tout
vous devoir, tout, jusqu'aux vetements qui me couvrent.
Les premieres heures passerent comme des minutes. Quand il fut temps
pour Christine de partir:
--Mon pere, dit-elle en passant son bras autour du cou de M. de Nance
comme aux jours de son enfance; mon pere,... ne puis-je rester?
M. DE NANCE
--Chere enfant, je n'aimerais pas a te voir rentrer t
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