tait toujours
recu avec amitie; Christine etait bonne et aimable pour lui; elle lui
temoignait de la compassion, mais pas l'amitie qu'il aurait desire lui
inspirer et qu'il eprouvait pour elle. Plusieurs fois il lui representa
qu'il avait les memes droits que Francois a son affection, puisqu'il
etait infirme et malheureux comme lui.
--Francois n'est pas malheureux, repondit Christine; il a eu du courage;
il s'est resigne... D'ailleurs,... Christine se tut.
MAURICE
--D'ailleurs quoi, Christine? Parlez.
CHRISTINE
--Non, j'aime mieux me taire. Seulement personne ne pourra faire pour
moi ce qu'ont fait M. de Nance et Francois, je vous l'ai deja dit. Et je
vous ai dit aussi que je ferais ce que je pourrais pour vous temoigner
la compassion et l'interet que vous m'inspirez.
Maurice recommencait son exhortation, Christine repondait de meme, et
quand elle se trouvait seule avec M. de Nance, elle se plaignait a lui
des importunites de Maurice.
--Chaque fois qu'il me dit de ces choses, je l'aime moins; je le trouve
de plus en plus ridicule; il demande plus qu'il ne le devrait; et comme
je ne sais que lui repondre, ses visites me sont desagreables... Que
faire, cher pere? Je crains de ne pouvoir m'empecher de le detester.
M. DE NANCE
--Non, chere petite; il t'ennuie; mais tu ne le detesteras pas, car tu
penseras qu'il est l'ami de Francois...
CHRISTINE
--Oh!... l'ami!... Francois y va par charite.
M. DE NANCE
--Et toi, tu le recevras par charite. Et tu prieras le bon Dieu de te
rendre bonne et charitable; et tu n'oublieras pas que tu vas faire ta
premiere communion l'annee prochaine.
CHRISTINE, l'embrassant
--Et puis je penserai a vous et a Francois pour vous imiter; la premiere
fois que Maurice viendra, vous verrez, cher pere, comme je serai bonne!
Les bonnes resolutions de Christine porterent leur fruit; Maurice crut
voir que Christine l'aimait enfin comme il desirait en etre aime, et il
devint plus gai et plus aimable pendant ses visites.
Le jour ou Francois revint de chez Maurice, comme nous l'avons dit, il
avait trouve son pauvre protege fort triste; ses parents lui avaient
annonce que, n'ayant pas ete a Paris depuis pres d'un an, leurs affaires
s'etaient derangees et les obligeaient a y aller passer un ou deux mois;
que, de plus, leur pere etait assez gravement malade et les demandait;
qu'il fallait s'appreter a partir sous peu de jours, et qu'Adolphe
entrerait au college des leur arri
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