vee a Paris.
--Alors, dit Maurice, j'ai supplie maman de me laisser ici et de ne pas
m'exposer a la honte, aux humiliations penibles que je subirais a Paris.
Maman, inquiete de ma sante, ne veut pas me quitter, et pourtant elle
est obligee d'aller a Paris pour ses affaires et pour mon grand-pere. Il
faut donc que je me laisse emmener, que je subisse toutes les peines que
je prevois. Si papa pouvait y aller seul, je m'y resignerais encore; et
quant a Adolphe, je comprends bien qu'ici il ne travaille pas, il perd
son temps et il a besoin d'aller au college; mais, maman partant, il
faut que je parte aussi? Quel chagrin pour moi de quitter la campagne et
ma vie calme et retiree! Maman, me voyant si malheureux de ce voyage,
m'a dit qu'elle ferait le sacrifice que je lui demandais qu'elle me
laisserait ici, et qu'elle se separerait d'avec moi si nous avions dans
le voisinage un parent ou un ami intime qui voulut bien me recevoir chez
lui pendant un mois ou deux, et encore, a la condition que moi ou le
medecin nous lui ecririons tous les jours pour la rassurer sur ma sante.
C'est vrai que je suis malade, plus malade meme qu'elle ne le croit,
car je lui cache la plus grande partie: de mes souffrances pour ne pas
l'inquieter davantage. Ce fatal voyage me tuera! Et, par malheur,
nous n'avons dans le voisinage aucun parent aucun ami qui puisse me
recueillir! Oh! Francois, que je suis malheureux!
Francois, ne trouvant aucune parole pour consoler le pauvre Maurice,
pleura avec lui et l'engagea a recourir a Dieu et a la sainte Vierge. Il
lui promit de lui ecrire souvent; il chercha a le rassurer sur sa sante,
sur les terreurs que lui causait son sejour a Paris, et le laissa un peu
moins abattu, mais bien malheureux encore.
Francois vint raconter a son pere et a Christine le nouveau et vif
chagrin du pauvre Maurice.
--Pauvre garcon! pauvre Maurice! dit Christine; que pouvons-nous faire
pour le consoler dans sa douleur?
M. DE NANCE
--Ses chagrins sont malheureusement de nature a ne pouvoir etre effaces;
mais nous pouvons les adoucir en redoublant de soins et d'affection
jusqu'a son depart. Demain, Francois pourra y retourner, et nous
l'accompagnerons.
CHRISTINE
--Mon pere, je crois que j'ai trouve un moyen excellent de le rendre non
seulement moins triste, mais heureux.
M. DE NANCE
--Toi, tu as trouve cela, Christine? Dis-le nous bien vite.
CHRISTINE
--C'est que vous allez etre... pas content.
M. DE NANCE
|