t! est-elle partie? dit une voix qui semblait venir du ciel.
M. de Nance et Christine leverent la tete et virent apparaitre a une
lucarne du grenier la tete de Paolo, inquiet et alarme.
M. DE NANCE
--Vous voila! Que faites-vous donc la-haut? Je vous croyais sorti.
--Attendez Paolo oune minute, signor. Ze descends. Deux minutes apres,
Paolo apparut; il paraissait content, mais encore un peu inquiet.
--Ze me souis sauve; z'avais peur que la signora ne me poursuivit; z'ai
couru au grenier, et, comme ze n'entendais plus rien, z'ai regarde et ze
souis venu.
M. DE NANCE
--Mon cher, vous n'avez pas gagne grand'chose, car je suis charge de
vous envoyer demain chez Mme des Ormes.
Paolo fit une mine allongee qui fit rire M. de Nance, mais il fit signe
a Paolo de se taire a cause de Christine.
--A present, mon ami, allez continuer les lecons de ma petite Christine;
finissez votre temps de galeres.
--O Dio! quelle galere! avec oune si sarmante signora! si douce, si
obeissante, si intellizente, si...
M. DE NANCE, riant
--Assez, assez, mon cher, assez. Vous allez donner de l'orgueil a ma
fille.
CHRISTINE
--A moi, mon pere? De l'orgueil? et de quoi? Que fais-je, moi, que
suivre vos conseils et ceux du bon Paolo! C'est vous et lui qui devez
avoir de l'orgueil, si je fais bien; vous surtout, mon pere, vous qui
m'apprenez a etre ce que dit Paolo, douce et obeissante, et a demander
au bon Dieu de me rendre bonne et pieuse comme Francois.
-Voyez, voyez, signor! Quel anze que cet enfant! s'ecria Paolo en
joignant les mains et en s'elancant ensuite sur Christine, que, dans son
admiration, il enleva de six pieds, et qu'il remit a terre avant qu'elle
eut le temps de pousser un cri de frayeur.
--Vous m'avez fait peur, Paolo, lui dit Christine d'un air de reproche.
--Pardon. signorina, pardon, dit Paolo confus; c'etait la zoie,
l'admiration.
Et il rentra un peu honteux, precede de M. de Nance et de Christine.
XXII
MAURICE CHEZ M. DE NANCE
Francois rentrait un jour de chez Maurice, qu'il continuait a voir
une ou deux fois par semaine, et dont la sante et l'etat physique ne
s'amelioraient guere. Ses jambes et ses reins ne se redressaient pas;
son epaule restait aussi saillante, son visage aussi couture. Il
s'affaiblissait au lieu de prendre des forces. Sa difformite et
l'insouciance de son frere lui donnaient une tristesse qu'il ne pouvait
vaincre; il allait assez souvent chez M. de Nance, ou il e
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